Le calme des étangs de Remerschen, l’effervescence de Remich dès que le soleil apparaît… Le sud de la Moselle luxembourgeoise offre des visages bien différents.
L’âme, de Schengen à Remich
Au sud de la Moselle luxembourgeoise, le vignoble est paisible. Les pentes sont généralement plus douces qu’au nord et le sous-sol est marqué par une terre lourde rougeâtre (des marnes argileuses datées du Keuper, il y a 200-230 millions d’années). Cette configuration est particulièrement adaptée à la culture des pinots (blancs, gris, auxerrois) qui y développent une amplitude et un gras qui les transcendent.
Ici, que ce soit du côté luxembourgeois ou allemand, les petits villages, où les vieux centres sont relativement bien conservés, qui ponctuent le chemin ont gardé leur caractère. Remerschen, Wintrange, Bech-Kleinmacher ou les petites rues de Remich en sont de bons exemples.
Là où la Moselle est la plus large s’étendent aujourd’hui les étangs de Remerschen, alimentés par une série de sources situées au pied des coteaux (pas par la Moselle, donc !). À côté de l’étang de baignade apprécié aux beaux jours, le Biodiversum appelle à la découverte de la réserve ornithologique la plus importante du Grand-Duché. Le très beau bâtiment créé par l’architecte François Valentiny (natif de Remerschen), est le point de départ d’une belle balade.
Le plus fou? Cet endroit assez magique est une construction récente. Jusque dans les années 1950, on y exploitait le sable et le gravier : les bassins sont les stigmates de leur extraction. L’entreprise Hein y travaille toujours, mais un peu plus loin. Encore mieux, le gouvernement alors mené par Gaston Thorn lance en 1972 des études pour installer ici une… centrale nucléaire ! Des opposants (la Birgerinitiativ Museldall) s’organisent et, forcé par cette foule outrée, le projet est remballé en 1977. Mais il s’en est fallu de peu…
Par un drôle de pied de nez à l’histoire, il se trouve qu’aujourd’hui la majorité des vignerons bios du Luxembourg travaillent autour des étangs de Remerschen.
Les incontournables
Découvrir les étangs de Remerschen grâce aux sentiers qui empruntent des pontons au-dessus de l’eau et qui relient plusieurs cabanes d’observation en bois (parfois surélevées) est un passage obligé! Il est également judicieux de relier cette belle promenade naturaliste avec la découverte, viticole cette fois, du Felsberg. On voit les coteaux pentus de la colline qui domine les étangs depuis la réserve ornithologique. Cette élévation est un des hauts lieux du vignoble luxembourgeois. Plutôt que les marnées, c’est le calcaire qui affleure ici. Les vins sont donc assez atypiques pour la moitié sud de la Moselle, mais terriblement attractifs! Goûtez ceux du domaine Schumacher-Knepper, à Wintrange, le spécialise du Felsberg, dont la cave se trouve au pied de l’escalier qui monte à la statue de Saint-Donat, patron des vignerons.
Le centre du village de Remerschen ainsi que le développement de ses étangs portent la signature de l’architecte François Valentiny. Et pour cause, il est né ici, dans la maison familiale. Le Biodiversum, le restaurant Le Chalet, l’école primaire, la spectaculaire auberge de jeunesse… tout est sorti de son imagination. Pour découvrir davantage ses réalisations et sa gymnastique créatrice, une visite à sa fondation s’impose. Située dans l’ancienne école primaire du village (où il a fait ses classes), elle expose des travaux préparatoires (esquisses, dessins, maquettes, sculptures…) mais aussi des œuvres de différents artistes invités. Un espace hors du temps, qui peut se découvrir après une dégustation des crus de la cave coopérative Vinsmoselle, juste à côté.
La petite ville de Remich est un lieu de passage obligé. Si son esplanade est très fréquentée aux beaux jours, ses petites ruelles cachées à l’arrière valent le détour.
Le coin à découvrir
Plus qu’un coin, appréhendons ici une idée : celle de la viticulture bio, dont trois de ses représentants œuvrent dans le secteur. Citons d’abord le premier d’entre eux, Yves Sunnen (domaine Sunnen-Hoffmann, à Remerschen), converti dès 2001. Depuis sa belle cave bâtie en 1872, le vigneron cisèle des vins droits et purs. Avec sa sœur Corinne (et désormais la fille de celle-ci, Marie), il aime faire découvrir son univers aux adultes, évidemment!, mais aussi aux enfants, puisque le domaine est une ferme pédagogique qui accueille les scolaires depuis 2005.
Guy Krier (domaine Krier-Welbes, à Ellange-Gare) est aujourd’hui le patron du plus grand domaine bio du pays. Parti de pas grand-chose, il a construit ses nouvelles installations sur le site défraîchi d’un négociant en vin, un peu en retrait de la Moselle. La transformation, qui s’est beaucoup faite à l’huile de coude, est spectaculaire! Son bar à vin est aussi accueillant que sa production est qualitative.
Enfin, le cousin de Guy, Jean-Paul Krier (domaine Krier-Bisenius, à Bech-Kleinmacher), est un homme touchant qui a retrouvé le goût de son métier en prenant la voie du bio. Il produit lui aussi de très bons vins et, cette année, il a même élaboré le premier pet nat du Luxembourg.
De notre collaborateur Erwan Nonet
Dans le répertoire de Via mosel’
Les villages viticoles
Remerschen : L’authenticité du village est rehaussée par les nombreuses réalisations contemporaines de l’architecte François Valentiny, qui, bien que de formes modernes, respectent parfaitement l’esprit des lieux.
Les domaines viticoles
Le domaine viticole Sunnen-Hoffmann, à Remerschen (6, rue des Prés) : Vigneron précis, doté d’une connaissance fine de ses terroirs, Yves Sunnen est le premier vigneron luxembourgeois à s’être converti au bio. Et il est toujours aussi engagé!
Les caves du Sud de Vinsmoselle, à Remerschen (32, route du Vin) : La construction de 1948 abrite une salle de dégustation et est le théâtre, tous les 1er mai, d’une immense journée de dégustation.
Le domaine viticole Krier-Welbes, à Ellange-Gare (3, rue de la Gare) : Guy Krier a hérité d’une petite cave dans Mondorf et possède aujourd’hui un magnifique écrin pour ses vins bios à Ellange-Gare. Une évolution rondement menée!
Le domaine viticole Schumacher-Knepper, à Wintrange (28, route du Vin) : La modernité du nouveau bar à vin offre un joli cadre à la dégustation des vins produits par Frank et Martine Schumacher, au pied d’un des plus beaux terroirs du pays : le Felsberg.
Les caves René Bentz, à Wellenstein (1, op Mäsgewaan) : La cave récente de ce domaine familial où travaillent deux générations (René Bentz et son fils Nicolas) se trouve à flanc de coteau : un cadre idyllique!
Domaine viticole Claude Bentz, à Remich (36, route de Mondorf) : La maison est en train de se construire un nouvel espace de vente et de dégustation spectaculaire. Il est créé par Jil Bentz, la sœur de Carole, qui vient de revenir auprès de son père, Claude.
Le domaine L&R Kox, à Remich (6, rue des Prés) : Dans la bâtisse de 1909 se trouve l’un des domaine les plus dynamiques et audacieux de la Moselle luxembourgeoise. Laurent Kox et sa fille, Corinne, ne manquent pas d’idées ni de talent.
Les caves Saint-Martin, à Remich (53, route de Stadtbredimus) : Les seules caves enterrées du Grand-Duché (elles sont creusées dans la falaise) viennent de fêter leur centenaire.
Via mosel’ sur le web
Créé par Terroir Moselle, Via Mosel’ est un concept transfrontalier qui embrasse toute la rivière, de sa source dans les Vosges jusqu’à sa confluence avec le Rhin, à Coblence. L’objectif est double. Il vise à mettre en valeur le patrimoine sur le thème «Vins et architecture». Plus de 60 domaines et 40 villages ont déjà intégré ce programme. Souligner l’intérêt touristique de la Moselle et de ses vins permettra aussi de développer le commerce des vins dans la Grande Région. Aider les vignerons à faciliter les ventes au-delà des frontières nationales en simplifiant les démarches administratives est le deuxième volet de Via Mosel’, certainement pas le plus simple !
Grâce à une carte interactive disponible sur viamosel.com, tous les sites référencés peuvent être facilement repérés. Les informations pratiques et des descriptions de lieux y sont disponibles en français, anglais et allemand.