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Suppressions de postes chez ArcelorMittal, un choc en Moselle


La direction d’ArcelorMittal a tranché, sur les 636 postes initialement annoncés, 385 seront finalement supprimés sur les sites du cluster nord. (Photo : Damien Golini)

Un coup de massue. Ce mercredi 30 avril, les syndicats d’ArcelorMittal ont été informés du plan de la direction pour réaliser des économies et faire face à la baisse du marché de l’acier en Europe.

« C’est catastrophique ». Jérôme Baron, délégué CFDT, ne cache pas son dégoût à l’issue du CSE central qui se tenait ce mercredi 30 avril à Saint-Denis. La direction d’ArcelorMittal a tranché : sur les 636 postes initialement annoncés, 385 seront finalement supprimés sur les sites du cluster nord (Dunkerque, Florange, Basse-Indre, Mardyck, Mouzon, Desvres et Montataire).

Florange et Dunkerque paient le plus lourd tribut avec respectivement 113 et 162 suppressions d’emplois envisagées « au maximum ». À Florange, la direction souhaite supprimer une quarantaine d’intérimaires. Dans le détail, ce sont surtout les fonctions supports qui trinquent, avec, par exemple, 25 suppressions au service OMP (Order Management plateforme, qui assure les commandes, NDLR). Ces derniers seront délocalisés à Gand, en Belgique.

Les ressources humaines (2 postes), la direction de la transformation digitale (11 postes), la logistique (5 postes) et les services informatiques (28 postes) sont aussi durement touchés.

Côté production, 7 emplois seraient supprimés au packaging, 2 au train à chaud et 5 dans les filières Auto et Industrie.  La direction s’est donné quatre mois pour faire négocier le PSE. Le deuxième cette année après celui qui a eu lieu à Reims, en début d’année.

Crise de l’acier en Europe

« Nous ressentons un sentiment d’injustice », fulmine Jean-Marc Vecrin, représentant syndical national CFDT. « Les salariés sont en souffrance. Ce matin nous avons eu des gens à l’infirmerie. Certains pleuraient. Ce sont des humains. Nous avons demandé d’ouvrir une cellule pour les risques psycho-sociaux », poursuit-il. Un CSE extraordinaire pour danger grave et imminent a été organisé en ce sens l’après-midi, à Florange.

Ce mercredi, la plupart des salariés sont restés silencieux, comme abasourdis par le choc des annonces. Un choc d’autant plus dur à encaisser qu’ArcelorMittal continue de faire des bénéfices, malgré une baisse du chiffre d’affaires : 1,335 milliard de dollars en 2024. « L’Etat doit se réveiller et nous soutenir », réclame Jérôme Baron, délégué CFDT. Depuis près d’un an, les salariés d’ArcelorMittal, à Florange, bénéficient de l’APLD, un chômage partiel financé par l’Etat pour aider le groupe sidérurgique à traverser la crise de l’acier.

« C’est un coup de couteau dans le dos. Du vol organisé », souffle-t-il. De son côté, la direction évoque la baisse des commandes pour justifier ce PSE, et réclame « l’application rapide » du plan européen pour l’acier avant de pouvoir « revoir ses investissements en Europe ». Un plan qui repose en partie sur une baisse des coûts de l’énergie et un soutien aux autres filières impactées, comme l’automobile. Facile à dire, long à mettre en oeuvre.

« Que les politiques prennent leurs responsabilités  ! »

« Mittal se désolidarise de l’Europe », peste Jean-Marc Vecrin, qui en appelle à l’Union européenne mais aussi à la France pour venir en aide à la sidérurgie européenne  : « Que les politiques prennent leurs responsabilités  : en Afrique du Sud, ils ont nationalisé,  les Anglais, les Italiens aussi. En France, qu’attend-on ? Mittal emploie 15 000 personnes en France alors on fait n’importe quoi et on lui donne des aides, des aides et encore des aides… Il n’y a aucune conditionnalité aux aides  ! » Un argument repris quelques instants plus tôt à l’Assemblée nationale par le député de la 8e circonscription de Moselle, Laurent Jacobelli (RN).

« Si l’Etat considère que la sidérurgie et ses filières sont stratégiques, alors il faut qu’il prenne un minimum de participation pour gagner en souveraineté et sauvegarder l’emploi », a pour sa part réagi le délégué CGT Lionel Burriello.

En attendant la prochaine réunion du CSE central, le 13 mai, les syndicats annoncent des actions de mobilisation. « On va se battre pour qu’il y ait un maximum de reclassements. Ce ne sera pas un long fleuve tranquille pour la direction », prévient la CFDT. Une rencontre intersyndicale est prévue lundi, en vue de préparer les échéances à venir. Plus que jamais, le spectre de 2012, qui avait été marquée par l’un des plus longs conflits sociaux du XXIe siècle, plane à nouveau au-dessus de Florange.

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