Le marché de Noël de Strasbourg s’ouvre vendredi pour sa 453e édition, un « moment de cohésion » entouré d’un dispositif de sécurité qui mobilise plus de 1.000 agents et, pour la première fois, des drones.
Cinq ans après un attentat meurtrier, « le marché de Noël doit rester un moment convivial et chaleureux », a appelé de ses vœux la maire écologiste Jeanne Barseghian, lors d’une conférence de presse. « Vu le contexte national et international, nous avons besoin de moments de partage et de cohésion, et le Marché de Noël en est un ».
Ce « Christkindelsmärik », en langue alsacienne, ou marché de l’Enfant Christ, débute ce vendredi par l’inauguration d’un majestueux sapin d’une trentaine de mètres installé au coeur de la ville, place Kléber, pour se terminer à la veille de Noël, le 24 décembre.
Le format de la cérémonie d’ouverture a été revu avec des animations toutes les heures le premier jour plutôt qu’un seul événement à heure fixe, afin d’éviter les mouvements de foule, et les horaires ont été élargis, avec une fermeture à 21h plutôt que 20h tous les soirs.
Tout autour du sapin, sur différentes places et jusqu’au parvis de la cathédrale, des centaines de chalets ont été installés pour proposer des produits d’artisanat, du pain d’épice ou encore du vin chaud. Leur disposition a été révisée pour élargir les allées et rendre les déambulations plus agréables.
Près de trois millions de visiteurs sont attendus pendant ces quatre semaines, contribuant à dynamiser le tissu économique local : certains établissements, des commerces de bouche notamment, réalisent en décembre un chiffre d’affaires équivalent à celui des 11 autres mois de l’année.
Confrontée à certaines dérives mercantiles, la mairie s’attache depuis 2020 à rendre le marché « plus authentique et responsable ». Les exposants ont été sélectionnés après avis d’une commission composée de forains, d’artisans et de citoyens. La ville travaille également à des critères de sélection des produits commercialisés.
Cette édition bénéficie de la mise en oeuvre des préconisations d’un jury citoyen mis en place en 2022, notamment pour rendre le Marché de Noël plus attrayant pour les familles et les enfants, ou améliorer le tri des déchets de la manifestation, pour laquelle sera réalisé pour la première fois un bilan carbone.
« Des moyens considérables »
Côté sécurité, la préfète du Bas-Rhin, Josiane Chevalier, a annoncé un dispositif « encore renforcé » par rapport aux années précédentes, mobilisant « des moyens considérables », quelques semaines après l’attentat d’Arras qui a coûté la vie à un enseignant mi-octobre et conduit au relèvement du plan vigipirate au niveau maximal « urgence attentat ».
En 2018, le marché a été le théâtre d’un attentat qui a fait cinq morts et 11 blessés.
La préfecture a autorisé l’usage de drones par la police nationale, « en complément de la vidéoprotection », et des contrôles aléatoires seront effectués à chaque entrée de la vieille ville.
Autre nouveauté, dans le cadre de la lutte antiterroriste, les patrouilles militaires sont multipliées par trois, pour « assurer de la visibilité, de la dissuasion, et rassurer les concitoyens », a indiqué le général Ludovic Pinon, gouverneur militaire de Strasbourg. Des équipes cynophiles complèteront les patrouilles à pied.
La préfète a également salué la mobilisation de « six unités de force mobile » qui s’ajouteront aux unités locales de police nationale. Ces renforts doivent permettre une implantation des forces de l’ordre « tous les 200 mètres », et un délai d’intervention « inférieur à la minute », selon Dominique Rodriguez, directeur départemental adjoint de la sécurité publique
« Plus de 1.000 personnes seront mobilisées tous les jours pour assurer la sécurité du Marché de Noël », selon Josiane Chevalier. « Aucun autre marché n’est aussi sécurisé, mais aucun autre marché n’a une telle fréquentation ».
La maire a annoncé une « cérémonie particulière » le 11 décembre pour le cinquième anniversaire de l’attentat de 2018, un « moment de mémoire et de cohésion pour les victimes et les Strasbourgeois ».