Accueil | Grande Région | Stiring-Wendel : le journal intime du soldat refait surface 80 ans après

Stiring-Wendel : le journal intime du soldat refait surface 80 ans après


Marie-Louise Mayer, 96 ans, se souvient bien de son frère Auguste. (Photo : rl/stéphane mazzucotelli)

Enrôlé de force dans la Luftwaffe, Auguste Kieffer a tenu un carnet de bord. Disparu en 1944, ce journal vient d’être retrouvé près de Munich. Sa sœur, âgée de 96 ans, va bientôt le récupérer.

Comme nombre de Mosellans, Auguste Kieffer, enfant de Stiring-Wendel près de Forbach, est enrôlé contre son gré dans l’armée allemande en 1943, à l’âge de 19 ans. Le jeune soldat a tenu un journal intime durant sa mobilisation forcée. Il l’avait confié à des tiers avant une mission en 1944 et n’avait pas pu le récupérer avant sa mort prématurée, survenue en 1946. Ce carnet de bord d’un Malgré-Nous, passé de main en main, a été retrouvé récemment auprès d’une famille allemande à Grünwald, en Bavière, dans la banlieue sud de Munich.

Quatre-vingts ans après, la sœur d’Auguste, Marie-Louise Mayer, âgée de 96 ans, qui vit toujours à Stiring-Wendel, devrait bientôt récupérer ce journal. «Je me souviens très bien de mon grand frère Auguste, même s’il est décédé très jeune, à 21 ans, de la diphtérie, en 1946, un an après son retour de la guerre. Je ne savais pas qu’il avait tenu un journal. Cela a été une surprise, il y a quelques semaines, quand nous en avons appris l’existence», confie Marie-Louise. Son fils, Jean-Claude Mayer, montre une photo de son oncle Auguste en uniforme : «Je ne l’ai pas connu, mais on parlait souvent de lui dans la famille.» Solange Kieffer, demi-sœur d’Auguste, également établie à Stiring-Wendel, se déclare curieuse par avance de lire le carnet de bord.

Un heureux hasard

Des extraits de ce journal du soldat Kieffer, qui y consigne son quotidien d’incorporé de force dans la Luftwaffe, ont déjà été transmis à la famille en Lorraine. Les dernières lignes du carnet d’Auguste datent du 28 août 1944. «Je ne peux plus continuer mon journal, car nous reculons, écrit le Mosellan. Je termine mon journal ce lundi 28 août 1944, à 23 h 10, et démarre une opération sur Nantes.» Le jeune Stiringeois est témoin de la débâcle allemande après le Débarquement en Normandie. Il semble mal comprendre la stratégie de l’armée du Reich et se languit de retrouver les siens. Il évoque même une amoureuse, Hetty, qui l’attendrait à Stiring-Wendel : «Mes pensées vont à mes chers parents, à ma chère sœur et à ma très chère Hetty. Si j’ai la chance de pouvoir ramener cette dernière à la maison comme épouse et de revenir de la guerre en bonne santé, je remercierai Dieu.»

Hella Neusiedl-Hub a soigneusement conservé le carnet. Photo : dr

Ce jour-là, Auguste remet son journal à un ami soldat avec la consigne de le transmettre à ses parents. Cet ami est transféré à la base aérienne de la Luftwaffe à Münster, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Il remet le journal à un couple de civils allemands. En 1977, la petite-fille de ce couple, Hella Neusiedl-Hub, reçoit le carnet en héritage. Elle habite aujourd’hui en Bavière. Il y a quelques semaines, elle rencontre Edouard Festor, un Mosellan originaire de Carling installé lui aussi près de Munich, et lui demande de l’aide afin de retrouver la famille d’Auguste. Edouard Festor appelle le cercle généalogique de Moselle-Est. Les proches du Malgré-Nous sont vite retrouvés et contactés.

Hella Neusiedl-Hub espère pouvoir venir à Stiring-Wendel en février prochain pour remettre l’émouvant et précieux carnet à Marie-Louise, la «chère sœur» d’Auguste Kieffer.