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SOS Racisme Moselle : «La libération de la parole raciste est flagrante partout»


«Nous recevons beaucoup de sollicitations de victimes de racisme et d’antisémitisme. Au moins deux à trois par semaine», explique Jean-Rémy Dushimiyimana, le président de SOS Racisme.

Depuis près de deux ans, l’association SOS Racisme Moselle a repris du service. Et elle ne chôme pas.

Ils avaient été motivés par le constat, dans leur vie quotidienne, d’événements racistes : faits divers, expériences personnelles, blocages administratifs. Depuis mars 2023, Jean-Rémy Dushimiyimana, le président, et des bénévoles restructurent l’association SOS Racisme Moselle. Objectif : promouvoir les valeurs du vivre ensemble et lutter contre le racisme, l’antisémitisme et toutes les discriminations.

Deux ans après la reprise de l’association, quel regard portez-vous sur les besoins auxquels vous répondez localement ?

« Nous recevons beaucoup de sollicitations de victimes de racisme et d’antisémitisme. Au moins deux à trois par semaine. Les gens n’osent pas déposer plainte, ils pensent qu’ils n’ont pas les arguments, pas les preuves, que ça ne servirait à rien. La libération de la parole raciste est flagrante. Elle génère beaucoup de souffrance. Nous avons notamment un projet de podcasts pour diffuser ces témoignages de victimes pour que cette parole se libère aussi. Et qu’elle ait une place. »

Les messages sont brouillés, volontairement, par les racistes, les antisémites.

Vous avez également pouvoir pour agir en justice. Qu’en est-il ?

«Justement, nous sommes partie civile dans le procès Jacobelli-Belhaddad [En 2023, à Hayange, le député RN avait, entre autres, traité le député Renaissance de «racaille», N.D.L.R.]. L’audience se tiendra ce mardi 21 janvier à Thionville. Nous, SOS Racisme Moselle et SOS Racisme national, avons également déposé plainte contre X dans l’affaire de la photo du FC Metz. Le club n’a pas souhaité agir lui-même mais nous a adressé des informations qui ont été transmises dans le cadre de l’enquête pour identifier les auteurs du flot de commentaires clairement racistes déversés sur les réseaux sociaux [des groupes d’extrême droite ont noyé le réseau social X de messages haineux, en lien avec la couleur de peau des joueurs , N.D.L.R.]. L’enquête se poursuit.»

Politiquement, le climat se durcit. Comment agir efficacement ?

« La montée du RN a des conséquences claires sur toutes les questions de discriminations, même localement bien sûr. C’est un sujet que personne ne doit laisser tomber. Il faut porter une démarche de réflexion. Pourquoi l’immigration devient-elle un sujet majeur? Pourquoi est-elle instrumentalisée par des hommes politiques? Pourquoi on entend parler d’immigration matin, midi et soir? Dans ce monde, on confond tout. Les messages sont brouillés, volontairement, par les racistes, les antisémites. Le combat que l’on mène, surtout dans la période que l’on vit, demande beaucoup de travail. Pour rechercher la vérité, voir comment sont présentés les faits, les idées.»

Un des gros coups que vous avez menés en 2024 a été votre testing auprès des agences immobilières. Certaines avaient accepté « d’exclure les noirs et les Arabes ». Quelles sont les suites ?

« Nous avons recontacté les agences supposées racistes pour voir avec elles comment modifier ces pratiques. Nous travaillons aussi avec la Fnaim et des collectifs nationaux pour améliorer la formation dans le domaine. Et bien sûr, nous renouvellerons nos opérations de testing. Mais on ne va pas tout dévoiler sur le sujet évidemment. »