Le rêve de Solange Biehlmann était de vendre des spritz aux gourmands. Un classique pour une Mosellane amatrice de pâtisserie, mais Solange a installé sa boutique dans les Pyrénées-Orientales, où ses douceurs font un carton.
Si vous vous promenez du côté de Bourg-Madame, à quelques kilomètres de Font-Romeu, dans les Pyrénées-Orientales, ne soyez pas étonné de trouver une boutique au nom exotique pour la région, La Petite Lorraine. Aux fourneaux, Solange Biehlmann, une sexagénaire née dans les Vosges et qui a vécu la plus grande partie de sa vie entre la Meurthe-et-Moselle et la Moselle. En ce mois de décembre, la pâtissière lorraine expatriée dans le sud de la France ne chôme pas. Toute l’année, elle vend, au pied des montagnes, des spritz, des bredele et des madeleines aux gourmands. Mais en période de fêtes, elle prépare aussi des commandes qu’elle expédie au-delà de la frontière.
«La région est touristique, explique la pâtissière. Nous ne sommes pas loin de l’Espagne. Ici on voit passer des skieurs, des randonneurs. Ils apprécient mes petits gâteaux lorrains. Certains clients me demandent de leur envoyer des paquets à Toulouse, à Montpellier, à Barcelone et même en Angleterre.»
Solange Biehlmann, 59 ans, est enthousiaste. Forcément, c’est son rêve de petite fille qu’elle vient de réaliser : «Je suis née dans les Vosges, à Raon-l’Étape. J’ai grandi à Pexonnes, en Meurthe-et-Moselle, et j’ai vécu à Vergaville, en Moselle. Toute ma jeunesse, j’ai confectionné des petits gâteaux de Noël avec ma mère et ma marraine, des spritz et des bredele pour les fêtes. J’ai six enfants, je leur ai toujours préparé des gâteaux de tradition lorraine ou alsacienne et notamment des madeleines. Ouvrir une boutique en Moselle n’aurait pas eu de sens, tout le monde y fait des spritz et des bredele pour les fêtes. Mais dans les Pyrénées-Orientales, les gens ne connaissaient pas et ils adorent», retrace la pâtissière.
«Huit cents euros en deux jours»
Avant de ravir les papilles de ses nouveaux clients, Solange a travaillé dans le service à la personne. «Il y a neuf ans, mon mari Laurent, qui était ambulancier à Metz, a eu envie de changer de vie. II a trouvé un travail dans les Pyrénées-Orientales et nous nous sommes installés en famille à Saillagouse. J’ai moi-même trouvé un emploi dans une maison pour adultes en situation de handicap. J’ai toujours eu envie de me lancer, mais je n’avais pas les moyens financiers.»
En 2023, épaulée par son mari, Solange prend son courage à deux mains. Elle appelle sa banque en Lorraine. Un prêt de 6 500 euros plus tard et l’aventure démarre. Solange est désormais autoentrepreneuse. Mais elle a commencé par prendre la température en vendant ses petits gâteaux au marché de Noël du coin. «Plus de 800 euros de recettes en deux jours», assure-t-elle, «cela m’a encouragée à ouvrir une boutique».
Aujourd’hui sa «boutique lorraine» est installée au centre de Bourg-Madame : «J’ai pignon sur rue», précise Solange, «les enfants viennent à la sortie de l’école acheter un goûter». À côté des petits gâteaux lorrains et alsaciens traditionnels, on trouve d’autres stars de la cuisine de l’est de la France : des quiches lorraines, des pâtés lorrains, mais aussi des mauricettes garnies, des parts de flammenküche et même des ficelles au lard. En cette période de l’Avent, le gros succès des ventes du côté de Bourg-Madame a la forme d’un petit bonhomme. Le mannele et son petit goût d’Alsace et de Lorraine attire les gourmands.