Vingt-cinq ans déjà qu’Auchan a ouvert ses portes sur la vaste zone commerciale de Semécourt, entre Metz et Amnéville. Le directeur de l’hypermarché, Eric Hassan, revient sur ce quart de siècle écoulé et les mutations connues par la grande distribution.
Vous fêtez les 25 ans du magasin Auchan de Semécourt. Comment s’est décidée son installation ?
Éric Hassan : « Il y a 25 ans, ici, on était en plein milieu des champs. Le maire de Semécourt de l’époque, Claude Heiser (également vice-président du district de Maizières-lès-Metz), a découvert les hypermarchés Auchan en allant voir sa fille dans le Nord – la région est le siège historique de la marque –, il a été séduit et s’est rapproché de Gérard Mulliez (*). L’entreprise a été séduite par la proposition car il y avait ici un énorme foncier disponible et une situation privilégiée à la croisée des autoroutes A4 et A31, avec des accès faciles. »
C’était le premier Auchan à ouvrir dans la région ?
« Dans l’Est, le tout premier hypermarché Auchan a été ouvert en Alsace dans les années 80. Celui de Semécourt a été le premier de la marque en Lorraine (Cora avait déjà ouvert des hypers en Moselle). À l’époque, les gens venaient de très loin pour faire leurs courses. La galerie marchande comptait une cinquantaine de boutiques. On l’a agrandie il y a cinq ans pour passer à 72 boutiques en tout. »
Combien de personnes travaillent dans votre magasin et quel est votre chiffre d’affaires ?
« 450 personnes travaillent ici, c’est un chiffre stable. Notre chiffre d’affaires, en revanche, est moins élevé qu’il y a 20 ans car la concurrence est beaucoup plus importante aujourd’hui. On réalise actuellement un chiffre d’affaires de 120 millions d’euros annuel hors essence, ce qui fait de nous le troisième hyper de Lorraine en termes de chiffre d’affaires (derrière Cora Houdemont et Auchan Mont-Saint-Martin). »
Vous parlez d’une concurrence accrue. C’est l’une des principales évolutions que vous avez observée au cours de ces 25 années ?
« La concurrence est très forte du fait de l’émergence du hard discount notamment mais aussi de la multiplication des zones commerciales. Regardez en Moselle le nombre de zones qui ont été créées ou vont l’être prochainement. Supergreen à Terville, Waves à Moulins-lès-Metz et bientôt Muse à Metz. Avant cela, on était déjà l’une des zones les plus concurrencées de l’Hexagone. Aujourd’hui, on est devenue la zone la plus concurrencée de France avec des chiffres très au-dessus de la moyenne nationale ! »
Pour vous, on est allé beaucoup trop loin en Moselle en la matière ?
« Toutes ces zones, on n’en avait pas obligatoirement besoin. Il n’y a pas de secret, la région n’est pas la plus dynamique sur le plan économique, on ne peut continuer à construire des mètres carrés commerciaux comme cela. Pour certains centres-villes, ça devient difficile. Je suis d’accord avec les commerçants du centre-ville de Metz quand ils expriment leurs craintes quant à l’avenir. Dans certains secteurs, on arrive au bout au niveau concurrence. »
Selon vous, quelles sont les principales évolutions que l’on va observer dans la grande distribution au cours des prochaines années ?
« Internet va continuer à nous prendre du chiffre. Les services aux consommateurs vont se développer car les gens ont de moins en moins envie de pousser uniquement leur chariot, ils veulent trouver autre chose dans un hypermarché désormais. En ce qui concerne les secteurs qui vont se développer, je crois beaucoup aux métiers de bouche, c’est un secteur qui va prendre de l’ampleur tout comme les produits bio, les produits sans sucre ou sans gluten, ou la vente en vrac. Car on sent que les consommateurs sont de plus en plus attachés à la notion de bien vivre et mieux vivre. »
Fabien Surmonne (Le Républicain lorrain)
(*) Gérard Mulliez est le fondateur d’Auchan.