Le site qui emploie en très grande majorité des frontaliers lorrains est fermé depuis qu’il est suspecté d’être lié à des cas de salmonellose sur des produits Kinder.
Le calme qui entoure en ce moment l’usine Ferrero Ardennes d’Arlon, en Belgique, est trompeur. Le site est dans la tourmente depuis le 8 avril, date de sa fermeture par l’Afsca, l’Agence fédérale belge pour la sécurité de la chaîne alimentaire. La décision tombe en même temps que la fermeture annuelle pour maintenance programmée de longue date cette semaine. Mais on sait déjà que les salariés ne reprendront pas le travail le 19 avril, comme prévu.
Ouverte en 1989, l’usine aux huit lignes de production fabrique quotidiennement près de 18 millions de Kinder Schoko-Bons, deux millions de Kinder Surprise et quatre millions de Raffaello. Un vrai paradis pour enfants qui a viré au cauchemar depuis que près de 150 cas de salmonellose ont été détectés dans neuf pays européens. Le site, qui exporte 96 % de sa production dans 45 pays, a reconnu tardivement un incident et des «défaillances internes» survenues mi-décembre et rappelé tous ses produits commercialisés pour les détruire.
«Un filtre à la sortie des deux réservoirs de matières premières» serait en cause selon le groupe italien qui détient aussi une holding au Luxembourg voisin depuis 1973. Lundi, le parquet belge de cette province dite du Luxembourg a ouvert une information judiciaire.
La direction rassurante
«Cette crise est vécue comme un choc par tous les salariés», confient les syndicats qui se refusent à aborder la question sanitaire : «Des enquêtes sont en cours. Nous n’avons aucune idée de ce qui a pu se passer.» Ils préfèrent se concentrer sur le volet social. Située à quelques encablures de la frontière lorraine, l’usine emploierait selon les différentes sources syndicales entre 50 et 80 % de frontaliers français.
Mardi, ils sont sortis rassurés d’une réunion de cinq heures avec la direction du site. «Elle s’est montrée rassurante alors que tout le monde se demandait comment l’usine allait survivre à cette crise. Dans un premier temps, il n’y aura pas de chômage temporaire et les salaires seront versés normalement jusqu’au 8 mai. Nous nous revoyons le 22 avril pour discuter de la suite», souffle Françoise Malherbe, permanente syndicale du SETCa Lux FGBT.
Sylviane Arnould, secrétaire régionale CSC, a bien senti que le géant italien de la confiserie tient à sa quatrième plus grande usine au monde : «La direction va débuter en profondeur un audit pour comprendre ce qui a pu se passer et répondre aux exigences de l’Afsca. Elle veut aussi faire revenir au plus vite les saisonniers qui nous accompagnent, le site tournant à certaines périodes avec 1 200 salariés.»
Mais les interrogations des salariés ne sont pas encore toutes levées : «Ils se posent beaucoup de questions car il s’agit d’une usine qui ne chipote pas avec les procédures. Nous demandons évidemment des explications et des améliorations en fonction de ce qui ressortira.
Mais là encore, la direction a été rassurante et se dit prête à investir si cela est nécessaire et nous promet une meilleure communication.» L’Afsca explique de son côté qu’elle n’autorisera la réouverture du site qu’après avoir pu conclure que l’établissement répond à l’ensemble des règles et exigences de sécurité alimentaire.
C’est peut-etre 1 salarié… pas le 1er…