Dans la capitale mondiale du vélo, à Copenhague, la moitié de la population enfourche son biclou chaque matin pour se rendre au travail ! Impressionnant. Il faut dire que les infrastructures sont adaptées à la pratique du vélo et que les voitures ne font pas d’ombre à la petite reine. Savez-vous quelle est la proportion des trajets domicile-travail à Metz ?

Dans la capitale du Danemark, tout a véritablement commencé lors du premier choc pétrolier au début des années 1970 «quand il a fallu rationner le carburant», démarre Hervé Ribon qui a été président de Metz à vélo ces douze dernières années (1). «Face à la crise pétrolière dans le pays, des efforts ont été faits pour limiter l’usage de la voiture». Dès les années 1980, les premières pistes cyclables apparaissaient au centre-ville alors que les places de parking étaient limitées.

À Amsterdam, aux Pays-Bas, le mouvement est allé dans le même sens, avec, par exemple, «un accès au centre-ville interdit le dimanche pour la voiture», rapporte le bénévole de Metz à vélo.

À la suite d’un accident qui tua la fille d’un journaliste devant son école, suivi d’un autre drame similaire, «des manifestations à plus de 10 000 personnes avaient eu lieu pour développer le vélo et réduire la place des voitures». Des archives montrent également des enfants défilant dans la rue pour exiger des zones à 30 km autour des écoles. «Tout cela à une époque où la route tuait entre 15 000 et 16 000 personnes par an en France» dont près de 6 000 cyclistes et piétons, appuie Hervé Ribon.

Ce chiffre a fort heureusement baissé et la pratique du vélo s’est développée dans l’Hexagone. Mais pas autant que dans les capitales du nord de l’Europe.

Ainsi, à Copenhague, la proportion d’actifs utilisant le vélo pour se rendre au travail est de 50 %. À Amsterdam, elle est de 45 %. «Le reste étant 25 à 30 % de piétons, et seulement 15 % de voitures», précise notre interlocuteur.

La comparaison est cruelle pour Metz qui ne compte que 3,5 % d’habitants utilisant le vélo pour se rendre au travail, selon un recensement de l’Insee qui date de 2017. Nancy atteint un taux de 6,4 %. Grenoble et Strasbourg quant à elles sont à plus de 20 % d’utilisateurs.

En près de dix ans, cependant, ces chiffres se sont forcément améliorés. Les Plans vélo financés par la métropole de Metz ont développé les infrastructures à Metz et dans son agglomération. Vingt-trois sites de comptage ont été mis récemment en place qui permettront d’évaluer la progression de la pratique du vélo ces prochaines années (à suivre sur le site de la métropole de Metz).

Ainsi, la Véloroute Charles le Téméraire a vu passer 62 749 cyclistes en 2024, davantage que l’avenue Foch avec ses 24 253 passages. Avec l’aménagement de la piste cyclable bidirectionnelle sur le ring, ce chiffre qui inclut une grande partie de trajets domicile-travail devrait progresser à l’avenir. Le site messin le plus fréquenté par les deux-roues a été le boulevard de Tassigny (près de 283 000 passages), suivi du Pont des Morts (270 000).

L’ambition est là. Mais il faudra la pousser un peu plus fort, en créant «plus d’abris sécurisés» , en donnant «plus de place au vélo dans l’espace public» pour le bien des cyclistes, mais aussi pour «répondre à l’urgence climatique à l’heure où l’on construit encore 10 millions de voitures par an».

(1) L’ex-secrétaire Isabelle Della Vedova a été élue présidente de Metz à Vélo lors de la dernière assemblée générale de l’association.

Céline Killé
(Le Républicain lorrain)