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Sa photo affichée à tort sur un « mur des voleurs »


Les clients du magasin ont pu découvrir un "mur des voleurs" bricolé avec des images de vidéosurveillance d’octobre à décembre, avant que Carrefour France n’exige son retrait. (Photo RL/DR)

Un client du supermarché Carrefour contact de Metzervisse, près de Thionville, a découvert sa photo affichée à l’entrée du magasin et le présentant comme un voleur. Une pratique illégale, surtout qu’il n’a rien à se reprocher.

Une affaire de « mur des voleurs » a éclaté au supermarché Carrefour contact de Metzervisse. Ce genre d’initiative, prise pour dissuader des voleurs de se servir dans les rayons, n’est pas une première. Dès 2008, un super U de Tarascon s’y était risqué, imité ensuite par un magasin de chaussures de Roanne en 2011, un Carrefour city de Paris l’an dernier, ou encore un commerce de prêt-à-porter d’Orléans. Mais à chaque fois, la justice a été saisie et les photographies ont dû être retirées.

A Metzervisse, tous les clients ont pu voir d’octobre à décembre la photographie d’un quadragénaire entrant dans le commerce, ainsi que celle de sa voiture stationnée sur le parking, avec le message suivant : « Magasin sous vidéosurveillance, voleur enregistré le 17/10, Audi A3 blanche », suivi du numéro d’immatriculation. Une autre affichette présentant d’autres personnes était titrée « Attention, voleurs en bande organisée, caméras 24/24 ».

Le client de la photo, un habitant de Hayange, a découvert sa soudaine célébrité lorsque sa femme est allée faire des achats au même endroit. Il a d’abord cru à une mauvaise blague. Puis il s’est rendu sur place pour s’expliquer avec le gérant. « Il n’a rien voulu savoir, il m’a dit que je n’avais qu’à aller voir les flics ! » Ce qu’il a fait…

Intercepté en caisse, convoqué par les gendarmes, accusé de vol

Son erreur est d’être entré dans ce magasin en octobre pour y acheter du pain. Il s’était attardé quelques instants devant des lotions de coiffure mais, faute de savoir quel flacon choisir pour sa compagne, il avait tout reposé. Intercepté lors du passage en caisse, il avait montré ses poches vides tout en maugréant, vexé d’être soupçonné de vol. L’affaire aurait pu en rester là. Mais, quelques jours plus tard, il s’est retrouvé convoqué à la brigade de gendarmerie, accusé de vol par le gérant. « Les gendarmes ont bien vu sur les images de vidéosurveillance que je n’avais rien pris », rétorque le client, agacé. Aucune suite n’a été donnée… Mais dans le magasin, sa photo a bel et bien été affichée !

Le client a donc déposé une plainte à son tour au commissariat de police de Thionville, plainte transmise à la communauté de brigades de gendarmerie de Guénange, territorialement compétente, laquelle n’ignore d’ailleurs pas les pratiques du magasin. Carrefour France a condamné les faits par le biais de son service de presse et assure « avoir demandé le retrait du panneau », tout en précisant qu’il s’agit d’un partenaire sous franchise et non d’un commerce intégré au groupe. A Metzervisse, le personnel du magasin n’a pas souhaité s’exprimer.

Pour le client, c’est une vraie humiliation : « J’ai regardé autour de moi en découvrant ces photos, c’était très gênant. C’est moi, il n’y a aucun doute. Je porte le pull offert par ma mère et c’est mon numéro de plaque. D’autres personnes m’ont identifié. Et même si je leur ai expliqué ce qui s’est passé, je ne peux pas les empêcher d’avoir un doute sur moi. Imaginez, n’importe qui a pu me voir, c’est mon honneur quand même ! »

Olivier Simon (Le Républicain Lorrain)

Un commentaire

  1. Je rappelle que cette pratique commence par un déni de la présomption d’nnocence (un délit passible de 45000 euros d’amende) et s’est terminé par une « accusation mensongère et diffamatoire »
    IL FAUT PORTER PLAINTE.
    Laissons ces pratiques à la Chine communiste.