Accueil | Grande Région | Rénovation du pont de Richemont à Uckange : dans les entrailles de la bête

Rénovation du pont de Richemont à Uckange : dans les entrailles de la bête


Au fond, la nacelle négative permet aux ouvriers d’accéder sous le tablier du pont, depuis la chaussée.

Jusqu’au 30 juin, il voyait défiler 20 000 véhicules par jour : fermé pour travaux, le pont qui relie Uckange à Guénange ne rouvrira que le 1er novembre. Une rénovation nécessaire compte tenu des fragilités constatées.

L’échelle plonge depuis le sommet de la structure métallique qui borde le pont, s’enfonce dans le vide à une quinzaine de mètres au-dessus du niveau de l’eau, puis disparaît. Elle débouche sur une passerelle d’un mètre de large sur cinq de long, qui flotte dans l’air sous le tablier. Masque et lunettes de protection sur le visage, deux ouvriers que l’on croirait sortis d’un avion de chasse surgissent de la pénombre. «Notre rôle, c’est d’identifier les morceaux de béton fragiles pour les faire tomber. Ensuite, on passe un produit anticorrosif sur les aciers apparents, et on colmate», raconte l’un d’eux. Une opération délicate réservée à des professionnels aguerris, habitués à travailler en hauteur.

Cette fois, ils profitent de l’une des 17 passerelles négatives dont dispose la société Albert Nacelles, basée à Montigny-lès-Metz, louée pour l’occasion par Demathieu et Bard. «C’est assez exceptionnel comme engin. C’est le même qui a opéré sur le viaduc de Millau. Si une péniche arrive, on peut remonter la passerelle en moins d’une minute», précise Laurent Duflot, directeur adjoint en charge des investissements routiers pour le Département de la Moselle.

La collectivité investit deux millions d’euros dans ce chantier d’envergure. Construit dans les années 1950, le pont qui relie Uckange à Guénange a dû fermer quelques jours en urgence, en 2024, après un affaissement soudain du tablier. Coupé à la circulation depuis le 30 juin, il bénéficie de travaux de rénovation indispensables pour rallonger sa durée de vie de dix ans. « Lorsque l’on a ouvert l’ouvrage, on s’est rendu compte que la situation était pire que prévu. On pouvait voir la Moselle sous les trottoirs ébréchés », note le chef de service.

« Refaire du neuf, c’est 30 M€ »

Construit selon des normes différentes, avec des matériaux d’époque, le pont supporte une charge bien supérieure à ce pour quoi il a été conçu. Le climat et la fréquence des passages – 20 000 véhicules par jour dont 1 000 poids lourds – l’ont considérablement affecté. En tant que «flux prioritaire», le Département de la Moselle, qui gère cet axe, lui a alloué une enveloppe conséquente, à défaut de financer un nouveau pont.

«On entend qu’on aurait pu construire du neuf. C’est vrai, mais ça n’aurait pas été le même prix. Refaire, c’est 30 millions. C’est deux années, au minimum, de déviation et de fermeture. Ce n’est pas tout à fait la même chose. Les gens râlent, mais il faut savoir de quoi parle», souligne Jean-Luc Saccani, vice-président du Département délégué aux Mobilités et aux Infrastructures.

Après avoir retiré l’étanchéité, bouché les trappes de mines, renforcé la structure métallique et repris les trottoirs entièrement, les ouvriers sont actuellement en train de renforcer le dessous du tablier. Il faudra ensuite refaire les joints de chaussée, poser les revêtements d’étanchéité après avoir «reprofilé» la route pour permettre l’écoulement des eaux, et refaire l’enrobé jusqu’aux deux giratoires situés de part et d’autre du pont.

Réouverture annoncée le 1er novembre.

Damien Golini (Le Républicain Lorrain)

Newsletter du Quotidien

Inscrivez-vous à notre newsletter et recevez tous les jours notre sélection de l'actualité.

En cliquant sur "Je m'inscris" vous acceptez de recevoir les newsletters du Quotidien ainsi que les conditions d'utilisation et la politique de protection des données personnelles conformément au RGPD .