Un homme de 43 ans vient d’être condamné à 18 mois de prison ferme par le tribunal correctionnel de Thionville. En décembre, cet habitant de Tressange a tabassé son ex et diffusé les images sur le réseau social Periscope.
La jeune femme ne trouve pas les mots. Elle ne parvient qu’à prononcer celui d’humiliation. Dans la nuit du 30 au 31 décembre dernier, son ex ne s’est pas contenté de la rouer de coups. Il a filmé la scène chez lui, à Tressange, dans le Pays-Haut. Et il l’a diffusée en direct sur internet. La vidéo mise en ligne sur le réseau social Periscope a été commentée, « likée » par de nombreux internautes.
Les réactions qui apparaissent à l’écran glacent le sang. Sur les images, il la gifle dès son arrivée. Il la frappe. La victime est couchée au sol. Son ex continue de la battre tout en téléphonant aux sapeurs-pompiers. Les insultes fusent. Il finira par courser la victime à l’extérieur de la maison, avant de la frapper à coups de bâton dans le bas du dos. La vidéo dure un gros quart d’heure. « Il a mis en scène cet acte de violence », s’indigne la procureure de Thionville Christelle Dumont, en citant divers extraits. « Au tout début, quand la jeune femme sonne à la porte de chez lui, il annonce à la caméra : ‘Regardez comme je vais la taper’. »
Pas un coup d’essai
Cette vidéo n’est visiblement pas un coup d’essai. « Periscope, ça devient addictif quand on a du temps à perdre », ose-t-il à la barre du tribunal correctionnel de Thionville. Il raconte qu’ils étaient tous les deux alcoolisés lors de cette soirée en décembre. Il ne voulait pas voir son ex. Il se serait même senti menacé.
L’homme, âgé de 43 ans, vit chez sa mère. Dans sa chambre, sous un pseudo, il s’est créé une sinistre communauté virtuelle composée d’inconnus avec lesquels il échange. « Vous leur livrez des détails sur votre copine. Vous parlez de torture, de viol, d’excision… », égrène le président du tribunal. Le harcèlement et les menaces de crime sont également reprochés au prévenu décrit comme manipulateur et dangereux dans son expertise psychiatrique. « Lorsque vous étiez en garde à vue, vous êtes vous rendu compte que vous étiez dans la vraie vie ? », interroge le président.
La réalité, c’est que Fabien Goebel écope de 30 mois de prison dont 12 mois avec sursis. Le sursis sera soumis à une mise à l’épreuve pendant trois ans avec l’obligation de se soigner et l’interdiction d’entrer en contact avec la victime. Déjà connu de la justice pour ses problèmes d’alcool et des faits de violence, il a été conduit en détention pour effectuer ses 18 mois de prison ferme.
Toutes ces paroles, toutes ces images n’auraient pas dû circuler. Le principe de Periscope est de diffuser sans mémoriser. Sauf qu’une personne a enregistré ces séquences effroyables. Les gendarmes ont pu y avoir accès. Et recouper avec les plaintes déposées par la victime, les certificats médicaux. La jeune femme leur avait confié qu’elle avait voulu mettre fin à ses jours après ces publications. Le couple, séparé il y a quelques mois, s’était justement rencontré sur Periscope.
Frédérique Thisse (Le Républicain Lorrain)