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Réduction de vitesse : y-a-t-il vraiment un pilote sur l’A31 ?


(Photo : Archives LQ)

Afin de réduire l’émission de polluants dans l’atmosphère et de protéger la population, le préfet de la Moselle, Emmanuel Berthier, avait pris lundi un arrêté imposant une réduction de la vitesse de 20 km/h sur l’ensemble du réseau routier mosellan, et donc sur l’A31 entre Toul et la frontière luxembourgeoise.

Un arrêté qui était toujours en vigueur mercredi quand cet automobiliste, dont le grand tort est de ne pas lire la presse régionale, a été avisé, au niveau de La Maxe, par un panneau d’information lumineux surplombant la chaussée, l’intimant formellement de réduire sa vitesse de 20 km/h jusqu’au Luxembourg et ce pour les mêmes raisons évoquées plus haut. Après avoir pesté que « cette mesure ne servait à rien » et n’empêcherait pas les usines de Lorraine – « ou ce qu’il en reste » – de cracher leurs « cochonneries en toute impunité », notre homme, un Français, un Lorrain, un râleur donc, s’est quand même docilement rangé sur la voie de droite. N’y voyez là-dedans aucun acte de civisme ou de militantisme écolo de sa part. C’est simplement que ce père de famille, abonné au gaz, assuré et imposable, a eu peur de perdre les 4 points qui lui restent sur son permis de conduire.

Le pauvre n’était pas hélas au bout de ses surprises. Ce sont d’abord les camions – étrangers pour la plupart et qui comme 95 % de la population mondiale n’entendent rien au français écrit – qui l’ont klaxonné comme un délinquant de la route. Ensuite, il s’est rendu compte qu’il était quasiment un des seuls automobilistes à respecter cette restriction. « Peut-être que les autres conducteurs de voitures immatriculées en France et circulant au même moment sont-ils tous analphabètes », s’est-il amusé à penser un moment.

Ce qui l’a en revanche fait moins rire, c’est quand il a dépassé la patte d’oie de Richemont en direction de Thionville et du Luxembourg. Là, le panneau lumineux également appelé « panneau à message variable » (PMV) installé en novembre 2013 et censé être « dynamique » affichait, comme si de rien n’était, une invitation à rouler à 110 km/h. Quelle conduite adopter alors ? Car si on se fait flasher à 100 km/h, on est hors-la-loi mais les panneaux nous disent qu’on peut y aller. Pour le coup, les voyageurs étrangers qui, eux maîtrisent la langue de Molière et qui circulaient hier sur l’A31, ont dû en perdre leur latin…

À son installation, les autorités nous avaient pourtant « vendu » un système high-tech, truffé de capteurs, pour que des informations précises remontent à l’opérateur du Centre d’ingienérie, de sécurité et de gestion du trafic (CIGST) de Moulins-lès-Metz. Un système qui était soi-disant « le résultat de plusieurs d’années d’études » nous avait-on expliqué à l’époque. 700 000 € avaient été investis dans ce « bijou de la technologie ». Sauf que cet ersatz de You Koun-Koun (du nom de ce fameux diamant caché dans le véhicule de Bourvil dans le film Le Corniaud ) ne semble pas en mesure de s’adapter aussi rapidement qu’il le devrait. Peut-être aussi qu’une intervention humaine serait bienvenue en pareille circonstance pour modifier ses données. Car il paraît aussi incroyable qu’inacceptable que des demandes de limitations de vitesse soit contredites par simple absence de coordination entre les différents équipements routiers.

À faire confiance uniquement à la machine, celle-ci finit toujours par se retourner contre vous. Et le « corniaud », sur le coup, en cas de PV, ce sera encore nous.

Olivier Menu (Le Républicain Lorrain)

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