Sur les réseaux sociaux, tout le monde le connaissait sous le pseudo Yourmath. À l’âge de 15 ans, c’était l’un des Youtubeurs préférés des ados. Une notoriété acquise au prix d’un cyberharcèlement douloureux. Aujourd’hui majeur, il raconte son histoire dans un livre à paraître le 23 mai : Heureux d’exister.
« 67 000 abonnés sur Instagram, 7 000 sur Twitter et Snapchat, 6 000 abonnés et 1,5 million de vues dans 144 pays sur YouTube. On aurait presque pu remplir le Stade de France. » Pendant plusieurs années, Mathias Miranda a couru après les chiffres. Porté par le désir de notoriété, il ne comptait plus les heures devant son smartphone. Chaque soir le même rituel. « Hey tout le monde, j’espère que vous allez bien. Aujourd’hui, on se retrouve pour un nouveau live … » De l’autre côté de l’écran, sa communauté. Des milliers d’internautes qui l’ont érigé en influenceur.
Autographes, photos : une célébrité naissante
À 15 ans, c’est alors l’un des Youtubeurs en vogue chez les adolescents. Il se fait appeler Yourmath. Son succès est tel qu’on le reconnaît sur les plages du sud de la France. De jeunes fans l’accostent, lui demandent autographes et photos. Il n’a pourtant rien d’une vedette : sur les réseaux sociaux, il se contente de parler de son quotidien et des problématiques inhérentes à un jeune de 15 ans.
Cette pseudo-célébrité attise la curiosité des autres… et leur haine aussi. Victime de brimades dès le collège, Mathias endure d’autres maux au lycée. « J’ai commencé à être harcelé sans le savoir, dès mes premières vidéos. Youtube a déclenché tout ça. C’était nouveau pour les gens. Ce n’étaient pas forcément des moqueries, mais ils étaient dans le jugement. » Il supporte les regards de travers et les quolibets en public. Dans son établissement, les autres élèves l’appellent « Le Youtubeur », un surnom réducteur pas toujours facile à accepter.
« J’aimerais témoigner dans les écoles, parce que la parole des profs et les affiches contre le harcèlement ne sont pas suffisantes. Les jeunes s’exposent trop. »
Flot d’insultes sur internet
Sur les réseaux, son audience commence à se tarir. En parallèle, un événement le marque profondément. Fin 2017, en réponse à un hashtag en vogue, il poste une photo de son visage maquillé sur Twitter. Un déferlement d’insultes nauséabondes inonde son compte. « Cette fois, j’étais face à des milliers d’insultes, des centaines par heure, des dizaines par minute […] Je ne leur avais rien fait. J’étais attaqué sans raison. » L’année suivante, il réduit son activité sur internet. Mais le harcèlement se poursuit dans la rue. Il se sent observé, moqué. Petit à petit, la motivation décline. La raison l’emporte. Début janvier 2019, il supprime tous ses comptes.
Aujourd’hui âgé de 18 ans, Mathias raconte son histoire dans un livre, Heureux d’exister, qui paraîtra le 23 mai. Une façon de faire le deuil de ces années virtuelles, avec ses mots à lui. Une façon aussi de sensibiliser les jeunes sur les dangers des réseaux sociaux.
« Que la justice sévisse »
« J’aimerais témoigner dans les écoles, parce que la parole des profs et les affiches contre le harcèlement ne sont pas suffisantes. Les jeunes s’exposent trop. On le voit sur TikTok notamment. J’aimerais aussi que la justice sévisse et sanctionne les harceleurs plus justement. »
Une nouvelle vie commence pour lui. Loin des réseaux sociaux ? Pas définitivement. « Qui sait, peut-être qu’un jour, je reviendrai… »
Damien Golini (Le Républicain lorrain)
Heureux d’exister, en téléchargement payant sur heureuxdexister.com, thebookedition.com, ainsi qu’à l’espace culturel Leclerc des Capucins à Thionville et à la maison de la presse d’Audun-le-Tiche.