Le principal accusé, Marc Bertoldi, nie son implication dans le rapt de Stéphanie Turcy sous les yeux de Gérard Lopez.
Il y a donc bien Marc Bertoldi, et les autres. Le beau mec, dans le jargon flic, l’homme au palmarès de délinquant qui en impose, qui s’exprime posément et avec précision. Et puis, il y a les cinq autres prévenus. Des voyous sans envergure pour la plupart, et même un homme sans casier judiciaire, qui racontent tout et son contraire. L’impression de se retrouver face à deux mondes contraires.
Le Messin, fiché au grand banditisme, apprécie modérément de partager le même banc. Il en sourit même un peu. Mâchoires serrées. «Franchement, je n’ai rien à voir avec ces gens. C’est une blague, j’hallucine…» Le quadragénaire, que la justice belge imagine comme le grand penseur du vol des diamants de Zaventem, l’un des braquages du siècle, peut-il être derrière le rapt de Stéphanie Turci ? Un enlèvement commis le 29 juin 2014 à Mexy, près de Longwy, sous les yeux du milliardaire luxembourgeois Gérard Lopez.
La version d’un policier belge attaquée
Avocat du «grand Marco», Me Olivier Rondu veut savoir : «Quand vous découvrez la procédure, vous en pensez quoi ?» «Ça sent l’amateurisme sur bien des points. Ce n’est en tout pas comme ça que j’agis, moi», soupire le malfrat, qui nie avoir «un quelconque lien» avec l’enlèvement de sa cousine par alliance. «Lorsque les faits ont été commis, j’ai été prévenu par un membre de la famille. Le 2 juillet, la police judiciaire de Nancy m’a appelé pour que j’active mes réseaux. Ils étaient secs, comme ils disaient, et espéraient que je parviendrais à savoir qui était derrière ça.»
Dès le lendemain, Marc Bertoldi dit «avoir le nom du commanditaire, l’ex-compagnon de Steph. Et je parviens à entrer en contact avec les ravisseurs. J’ai posé des garanties (NDLR : comprendre un diamant) pour récupérer Stéphanie. Et je l’ai libérée. Je l’avoue, j’espérais en tirer profit auprès de Gérard Lopez. Mais je n’imaginais pas que certains éléments allaient me faire passer pour l’organisateur.»
Un élément dérange : Bertoldi aurait été vu dès le 26 juin au volant du véhicule dans lequel il a libéré la victime. Un policier belge est formel. «Le problème, contredit Me Olivier Rondu, c’est que durant l’ensemble de la procédure, cet agent belge affirme avoir vu Bertoldi avec sa femme. Or lorsqu’on a démontré que le 26 juin il était impossible qu’elle se trouve à cet endroit, il a brusquement changé de version.» Le policier a fait comme les voyous et a adapté sa version aux éléments. «Cela arrange beaucoup de monde d’avoir Marc Bertoldi dans le dossier.» Dernier jour du procès ce mardi.
Kevin Grethen (Le Républicain Lorrain)