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Quintuple infanticide en Alsace : un couple rattrapé par la justice 14 après


(photo d'illustration archives Editpress)

Une mère de famille, interpellée avec son conjoint dans le cadre de l’enquête sur la découverte de quatre cadavres de bébés dans des sacs poubelles en 2003 dans une forêt du Haut-Rhin, a été inculpée jeudi. Un cinquième corps vient d’être retrouvé.

La mère est mise en examen pour « homicides volontaires » sur ses enfants, a annoncé jeudi le procureur de Mulhouse, Dominique Alzeari. Il lui est reproché au total cinq meurtres de nouveau-nés, outre les quatre découverts en forêt, car les enquêteurs ont trouvé un cinquième bébé au domicile du couple, a précisé le procureur.

Sylvie H., âgée de 53 ans, qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité, « a reconnu l’intégralité de ces faits d’homicide sur ses enfants qui venaient de naître », a précisé lors d’une conférence de presse le procureur de Mulhouse, Dominique Alzéari. Son concubin et ses trois enfants aujourd’hui adultes – âgés de 18 ans, 27 et 32 ans – « n’étaient manifestement absolument pas informés de ce qui s’est passé ». Le père est d’ailleurs « très affecté », selon le magistrat.

La mère de famille, une employée « tout à fait insérée », a expliqué aux enquêteurs « que ces enfants, elle ne les voulait pas, qu’elle ne vivait pas ces maternités, qu’elle ne les avait pas investies, et lorsqu’elle a accouché – ce sont des grossesses qui sont allées à terme -, elle a décidé de les supprimer ». Les faits se seraient étalés sur « une dizaine d’années ». La mise en examen n’a pu donner de date précise aux enquêteurs, qui évoquent une « fourchette de temps assez large, entre 1993-95, jusqu’à 2003-2005 ». A chaque fois, la mère dit avoir accouché seule à son domicile, sans témoin. « Ses grossesses ont été visiblement dissimulées », a précisé Dominique Alzeari, soulignant qu’il ne lui appartenait pas de dire si on était là face à un cas de « déni de maternité » – ce point devra être éclairci par l’enquête.

Lorsque les gendarmes sont venus l’interpeller mardi, la quinquagénaire « a tout de suite compris pourquoi on venait la chercher » et a « presque présenté » ses aveux comme « une délivrance », a raconté Dominique Alzéari. La mère de famille dit avoir transporté elle-même les corps des nourrissons dans la forêt de Galfingue.

Étranglés avec des cordelettes

Le couple a été interpellé sur commission rogatoire d’un juge d’instruction et placé en garde à vue sur la base d’une concordance ADN. Les cadavres, en état de décomposition avancée, de quatre nouveau-nés, avaient été découverts dans trois sacs poubelles dans cette forêt près de Mulhouse, le 21 octobre 2003, par le propriétaire d’un terrain mitoyen. Des analyses ADN avaient révélé qu’au moins trois des quatre nouveau-nés avaient la même mère.

Le cinquième petit corps a été trouvé récemment par les enquêteurs au domicile actuel de la famille, à Petit-Landau, en périphérie de Mulhouse, a précisé le colonel François Despres, commandant de la section de recherches de gendarmerie de Strasbourg en charge de l’enquête.

Selon une source proche du dossier, l’homme et la femme ont été arrêtés dans le sud du département, près de la frontière allemande. Selon l’autopsie réalisée en 2003, les nourrissons étaient nés viables et au moins deux d’entre eux avaient été étranglés avec des cordelettes retrouvées autour de leur cou. Une information judiciaire contre X pour homicides volontaires avait été ouverte. L’enquête, close en 2009 faute de preuves, avait été rouverte en 2013, eu égard au progrès de la science en matière de profil ADN.

C’est finalement le hasard qui a aidé les enquêteurs à résoudre ce « cold case » : en septembre 2016, Sylvie H., son compagnon et son fils aîné ont été impliqués dans une rixe avec des voisins, ce qui a donné lieu à une enquête de gendarmerie. C’est dans ce cadre que leurs empreintes ADN ont été prélevées. Et les enquêteurs ont eu la surprise de découvrir, l’été dernier, que le profil génétique de Sylvie H. correspondait aux prélèvements effectués fin 2003 dans les sacs-poubelle de Galfingue.

Le Quotidien/AFP