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Quel visage pour l’agglomération de Thionville en 2045 ?


Afin de préserver les espaces naturels, la loi va clairement dans le sens de la densification des espaces déjà urbanisés. (Photo d’illustration armand flohr)

Volume de logements, infrastructures de transport, zones vertes sanctuarisées : ces thèmes occupent le syndicat en charge du Schéma de cohérence territoriale de l’agglomération thionvilloise.

L’aménagement du territoire en Moselle nord est un sujet sensible à bien des égards. Entre la pression foncière , l’offre insuffisante de modes de transports, la loi qui incite à densifier plus encore les aires urbaines, et la justice administrative qui retoque le précédent document cadre (c’était le cas en 2023), il y a du grain à moudre.

Ce travail, c’est ce à quoi s’attelle le Syndicat en charge du schéma de cohérence territoriale de l’agglomération thionvilloise (Scotat), avec l’appui d’un bureau d’études spécialisé. Dernièrement, une réunion publique a permis de faire un point d’étape sur le sujet.

Le chiffre : 27 545

Soit le nombre de logements à produire dans le périmètre du Scotat sur la période 2025-2044, dont 56 % en zone urbaine. Le Scot regroupe 120 communes et englobe six intercommunalités du nord mosellan.

«Logique environnementale»

D’abord, rappelons que le travail en cours porte sur un nouveau schéma d’aménagement du territoire. Il est encore évolutif mais les grandes données sont posées pour la période 2025-2044. Et notamment celles concernant la consommation d’espaces naturels au profit de l’urbanisation. Une chose est certaine : la loi ZAN (pour zéro artificialisation nette) va considérablement impacter le visage des villes et villages.

À ce titre, le futur Scotat est «clairement dans une logique environnementale», indique le rapporteur du jour. Les chiffres l’attestent : «entre 2011 et 2020, en moyenne, 92 hectares de surfaces naturelles ont été consommés chaque année. À l’avenir, le rythme passera à 29 hectares par an. L’objectif du Scot, c’est bien d’organiser cette dégressivité». Les intercommunalités disposant de friches seront les plus chanceuses car ces espaces à reconvertir ne sont pas répertoriés comme des espaces naturels. C’est le cas à Thionville avec ses projets d’urbanisation Rive Droite (autour de la gare) et Rive Gauche (anciens laminoirs, route de Manom ).

«C’est positif»

Le pendant de cette situation, c’est la densification qui va s’opérer dans les zones déjà fortement urbanisées. Dans le public, le Yussois Bernard Aubin n’a pas manqué de tiquer. Prenant appui sur le secteur Cormontaigne, où un projet d’urbanisation est dans les cartons, il s’étrangle presque : «Vous parlez cohérence. Or ce projet est plutôt incohérent : la circulation est déjà saturée entre Yutz et Thionville et l’on va encore ajouter des centaines de voitures… À quoi sert le Scot si chaque commune peut faire ce qu’elle veut dans son pré carré ?» La question est posée. Une autre arrive du public : «Le plus gros problème aujourd’hui, c’est la mobilité : le BHNS (bus à haut niveau de service) par exemple au point zéro… Est-ce que cela peut remettre en cause le Scot ?» «Non. Le territoire ne part pas d’une feuille blanche, il fonctionne déjà. Des infrastructures sont en place : parking silo, ouvrages de franchissement… C’est positif», assure le consultant.

Les interventions du public sont censées nourrir la réflexion. Une enquête publique est attendue cet automne. Les habitants pourront encore consigner leurs remarques. Le nouveau schéma doit être bouclé début 2026.

La démographie au cœur des orientations

Les chiffres surévalués de l’ancien schéma d’aménagement ont finalement eu raison de lui. Aujourd’hui, le syndicat du Scotat dispose de données réactualisées et croisées, entre l’Insee et l’Agape (l’agence d’urbanisme de la Lorraine nord). L’ancienne version tablait sur une croissance de 0,86 % et une production annuelle de 2 000 logements. Aujourd’hui, les chiffres affinés révèlent une croissance de 0,57 % de la population (+ 39 770 habitants d’ici 2044) ce qui ramène à 1 377 le nombre de logements à produire chaque année. « La croissance démographique n’est pas une fin en soi mais les orientations que prend le futur schéma en sont la conséquence directe », rappelle le rapporteur du schéma en cours d’élaboration.