Distances, attrait du Grand-Duché… Autant d’éléments qui détournent de la fonction les enseignants diplômés de la province de Luxembourg, en Belgique.
À Saint-Hubert, on cherche un prof de langue en remplacement. L’offre est alléchante: un temps plein de mars à juin. On cherche aussi un prof de sciences: un trois-quart temps de février jusqu’à juin. Et on ne trouve pas. Le service d’aide à l’emploi mis en place par le comité diocésain de l’Enseignement catholique Namur-Luxembourg, pour venir en aide à ses écoles, fait chou blanc aussi. «Nous avons pourtant gratté tous les fonds de tiroir et nous ne trouvons pas », déclare Philippe Englebert, directeur diocésain pour l’enseignement secondaire.
Le service croule sous les dossiers de ce genre. La pénurie n’est pas propre à l’enseignement catholique. En témoignent ces chiffres donnés par la Fédération Wallonie-Bruxelles: 2 837 postes vacants en Wallonie et à Bruxelles lors de l’année scolaire 2015-2016.
La province lésée par les distances
Si la province de Luxembourg n’est pas la plus touchée par cette problématique, de plus en plus d’écoles peinent à remplacer des profs malades, qui sont de plus en plus nombreux. «La situation particulière en province de Luxembourg est l’éloignement du domicile et du lieu de travail », commente Philippe Englebert. « Une série d’enseignants ne veulent plus faire beaucoup de kilomètres pour aller travailler. Un enseignant qui habite Arlon ne veut pas d’un remplacement à Florenville. »
La situation devient encore plus problématique avec le découpage des heures de cours et des compétences. «Ce qui est délicat avec la réforme est qu’elle a été mise en place alors que nous sommes dans une situation de pénurie, qu’on espère conjoncturelle mais qui pourrait être structurelle. Il faudrait prendre des mesures pour rendre le métier plus attractif. Et ce n’est pas en découpant les compétences qu’on tend vers cet objectif. Qui irait donner quatre heures de physique à Saint-Hubert, quatre autres à Florenville et quatre autres à Arlon? Ce n’est pas très encourageant de rentrer dans la fonction dans des conditions pareilles», regrette Philippe Englebert.
L’attrait du Grand-Duché
Autre problème propre à notre province: les jeunes enseignants qui y sont formés n’ont pas toujours comme ambition d’enseigner dans la province, ou même d’enseigner tout court. «Des étudiants grand-ducaux viennent se former dans nos Hautes Écoles. Ils repartent logiquement chez eux », constate Philippe Englebert. « Une série de Belges qui deviennent enseignants en langue, sont attirés par les salaires du Grand-Duché et ils entament finalement une carrière dans le milieu bancaire. » Le nombre de jeunes enseignants diplômés sortant des Hautes Écoles du territoire donne donc une image tronquée du réel potentiel de futurs enseignants dans la province.
Lydie Picard (L’Avenir)