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Proxénétisme à Metz : «Ils font miroiter de l’argent facile»


Ayant connu une enfance difficile, tentés par l’argent facile, les mineurs placés deviennent des proies pour les proxénètes. (Photo : afp)

Un jeune Mosellan a été condamné à trois ans de prison dont deux ferme pour proxénétisme aggravé. Il a été reconnu coupable d’avoir contraint une adolescente de 17 ans à se prostituer.

Cette affaire est le miroir d’un mal prégnant, que les autorités tentent de juguler. Quand la dispute entre copines déboule sur une dénonciation et sur une condamnation pour proxénétisme aggravé. Au final, c’est un jeune individu qui a fini par payer la note pour des faits qui se déroulaient dans des locations Airbnb.

Petite rétrospective des dessous de l’histoire : mi-septembre, une jeune fille compose le 17 et dit aux policiers que l’une de ses copines, qui vit avec elle dans un foyer du Centre départemental de l’enfance, se prostitue depuis quelque temps dans un appartement Airbnb, dans le quartier de Metz-Vallières. La requérante a décidé d’appeler les forces de l’ordre, car elle venait d’avoir une vive explication avec la copine en question. Les policiers débarquent à l’adresse indiquée et tombent sur deux jeunes filles et un garçon. Ce dernier a sur lui 2 000 euros en liquide. La perquisition aboutit aussi à la découverte de plusieurs téléphones.

Le trio est embarqué. Il s’avère que l’une des deux mineures se livre bien à la prostitution, malgré ses dénégations, et que le jeune homme, qui vient de fêter ses 25 ans, tirerait profit de la situation. Lui aussi nie : il dit avoir été invité par un copain pour faire la fête «avec d’autres copines» dans ledit logement. Et l’argent sur lui? C’était justement un cadeau d’anniversaire qui lui aurait permis de célébrer comme il se doit ce passage au quart de siècle.

Mais la caméra de surveillance installée par les propriétaires devant la porte de l’appartement montre les allées et venues d’une vingtaine d’hommes durant ce fameux week-end. Du coup, le jeune individu appréhendé dans le logement, un habitant de Bousse dans la région thionvilloise, passe en comparution immédiate. Après un report de son procès à sa demande, Lenny D. a finalement été condamné, fin novembre, à trois ans de prison dont deux ferme avec maintien en détention. Ce sera même 32 mois ferme puisque le jeune Mosellan a vu la révocation totale d’un sursis de 8 mois (pour un ancien délit de tout autre nature). Parmi ses obligations, à sa sortie de prison, celle de ne pas contacter la victime durant deux ans. De même, pendant cette même période, il lui sera interdit de paraître dans et aux abords de tout foyer de placement de mineurs. Et de manière définitive, le prévenu ne devra pas exercer une activité en lien avec des mineurs.

Un problème difficile à régler

«Il a été sanctionné d’une peine lourde», juge Me Mikaël Saunier, son avocat. Le défenseur appuie son propos : «Ce jeune homme a été condamné alors qu’il ressort de la procédure que d’autres individus sont impliqués. Mais ils n’ont pas été inquiétés. Il y a tout un réseau derrière qui, malheureusement, n’a pas été démantelé en raison de cette procédure de comparution immédiate.»

Son client n’a pas fait appel du jugement, «par crainte d’avoir une peine encore plus sévère en appel malgré ses dénégations». Me Saunier déplore surtout : «La prostitution des mineurs se poursuit, la justice n’arrive pas à régler ce problème. Les éducateurs l’affirment : ils font face à des individus qui tournent autour des foyers ou qui prennent contact sur les réseaux. Ils font miroiter à ces jeunes gens de l’argent facile…»

Une moyenne d’âge de 15 ans

Via leur partenariat, le Département 57, la cour d’appel et la PJJ ont suivi, l’an dernier, 32 jeunes filles et deux garçons exposés à la prostitution (établie ou potentielle).

Ces institutions en ont dressé le profil suivant : la moyenne d’âge de ces adolescents est de 15 ans et plusieurs d’entre eux «développent des pathologies psychiatriques» depuis qu’ils font commerce de leur corps. Mais ces troubles étaient déjà présents dans leur enfance puisque «tous ont vécu de la violence intrafamiliale et/ou des agressions sexuelles».

Autre enseignement : ces jeunes travailleurs du sexe sont «pour la plupart dans le déni de la situation».

Des maux et des chiffres inquiétants : en cette fin d’année 2025, le trio de partenaires suit 70 mineurs en risque de prostitution ou en situation de prostitution. «Ce chiffre montre l’ampleur d’un phénomène souvent invisible, mais réel, et confirme l’importance d’une action concertée et proactive.»

Grégory Ingelbert
(Le Républicain lorrain)

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