Après un énorme succès l’an dernier lors du confinement, le magasin paysan de Recogne connaît de grosses difficultés.
Alors que le Réseau paysan magasin (anciennement Carrefour paysan) a rencontré un très gros succès durant la période covid, il connaît actuellement d’importantes difficultés. En effet, les clients se font de plus en plus rares, ce qui fait craindre la fermeture de l’établissement à court terme. En juin dernier, fort de son succès, le magasin s’était étendu sur une surface beaucoup plus importante qu’auparavant. À ce moment-là, le chiffre d’affaires de la coopérative avait augmenté de 50 %. Il en est tout autre à l’heure actuelle. Ce magasin fait partie de la coopérative Réseau paysan qui facilite la distribution des produits de plus de 90 producteurs et artisans de la province de Luxembourg vers les points de vente indépendants et hors grande distribution.
«Les bonnes résolutions des gens durant le confinement chutent lourdement, confie Hélène Deketelaere, coordinatrice au Réseau paysan. Il y a la reprise du travail, la crise économique ou encore la guerre en Ukraine qui entrent en jeu. Tout augmente donc les gens rabotent sur ce qu’ils jugent moins essentiel. Pendant le confinement, les gens avaient plus de temps, moins de loisirs et donc plus d’argent à consacrer au bio. La baisse est générale partout en Wallonie, que ce soit dans les épiceries, les ventes sur les marchés… En Wallonie, on constate une diminution des ventes de 20 à 30 %.»
Bien que la coopérative ne soit pas menacée, le magasin l’est bien. «On est en danger comme d’autres magasins de la province, poursuit la coordinatrice. Avant l’agrandissement à Recogne (Libramont), on avait un loyer de 1000 euros par mois. Maintenant, il a quadruplé. À l’époque, agrandir était une opportunité à ne pas rater. C’était l’occasion de mieux accueillir le client et d’être plus visible.»
Sauver les circuits courts
Garder le magasin ouvert ou non? Un premier bilan sera effectué au mois de juin. «La partie distribution de la coopérative n’est pas menacée. Avec l’Horeca et le tourisme, ça tourne bien», ajoute Hélène Deketelaere. Pour sauver le magasin de Recogne, Hélène Deketelaere espère que la population va ouvrir les yeux. «Les gens doivent comprendre que c’est maintenant ou jamais pour garder en place tous ces circuits courts. On a beaucoup avancé dans ce domaine et on risque de tout perdre en peu de temps.»
Et la coordinatrice de rappeler toute l’importance du réseau local. «On le voit avec la guerre, on est trop dépendants des autres pays. Il faut que la production reste sur le territoire. Pendant le confinement, beaucoup de gens venaient chercher des produits introuvables dans les grandes surfaces. Si une telle crise se reproduit, nous ne serons peut-être plus là.» Le Réseau paysan espère également des aides financières sous forme de parts dans la coopérative. «Mais le plus important, c’est le retour des clients dans le magasin», conclut Hélène Deketelaere.