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Province de Luxembourg : du plastique jusque dans les cultures


Objectif sur le site de Tenneville : réduire le plastique de 80 % dans les déchets organiques. (Photo L'Avenir)

Idélux Environnement travaille sur deux projets visant à valoriser davantage les déchets organiques et ce, en y supprimant le plastique.

Bien que la biométhanisation des déchets organiques soit déjà bien installée en province de Luxembourg, l’intercommunalité Idélux Environnement porte un nouveau projet qui sera réalisé dans les prochaines années et ce, grâce à un subside du fonds européen Feder. Celui-ci porte davantage sur la valorisation de ces déchets.

Idélux Environnement valorise les déchets organiques depuis 1980. Ici, le projet est lié à l’activité de biométhanisation de Tenneville où sont valorisées plus de 20 000 tonnes de compost chaque année. «Le souci que l’on rencontre depuis toujours provient du mauvais tri fait par les citoyens, explique Christophe Arnould, directeur exploitation au sein d’Idélux Environnement. Sur notre site de Tenneville, nous retrouvons beaucoup de composants dans les déchets organiques comme le plastique, le verre ou encore le métal en petite quantité. Le plastique va apporter un problème de qualité de la matière à la sortie du processus. Il faut savoir que la matière qui ressort des machines reste un compost qui est valorisé en agriculture. Malgré toutes les étapes mécanisées dont nous disposons, du plastique va se retrouver sur des parcelles agricoles. Et vu qu’on en éparpille tous les ans, ça s’accumule. Et puis, le plastique ne disparaît pas en un an, on parle de plusieurs centaines d’années. Actuellement, la norme imposée est de 0,2 % d’indésirables dans les déchets organiques et nous sommes largement dedans.»

Idélux Environnement a testé plusieurs technologies de tri, dont deux qui semblent prometteuses. «La première est de prétraiter le déchet de cuisine grâce à un équipement de conditionnement, reprend Christophe Arnould. Il s’agit d’un équipement conçu pour traiter des invendus de grandes surfaces, nous l’avons testé sur nos déchets organiques.»

Un compost plus propre

Plus concrètement, si Idélux Environnement broie la matière aujourd’hui pour ensuite la faire passer dans un tamis, la nouvelle technique consiste à faire passer la matière entre deux rouleaux avec des picots dans lesquels le plastique serait troué et la matière, écrasée. Cela permettrait de ne plus casser le plastique en tout petits morceaux et de l’extraire dès le début. La machine devrait être installée à l’automne 2024 avec l’objectif de réduire le plastique dans les cultures à hauteur de 80 %.

La deuxième technologie qui semble produire ses effets, consiste à travailler sur la matière qui sort de biométhanisation «dans laquelle nous récupérons le digestat en le mélangeant avec du déchet vert afin d’en faire du compost», détaille Christophe Arnould.

La fin des équipements mobiles

Un troisième projet sera mené sur l’amélioration du procédé de co-compostage. «Aujourd’hui, nous travaillons avec des équipements mobiles comme des tamis, qui sont alimentés par des chargeurs sur pneus. Nous allons les remplacer par des équipements fixes. Cela nous permettra de faire des économies d’énergie et d’apporter plus de sécurité dans les installations», explique encore Christophe Arnould.

«Avant cela, on essaye de changer sa structure via un cavitateur (NDLR : mécanisme qui consiste à former des cavités gazeuses dans un liquide). Nous aurons alors une matière beaucoup plus liquide à filtrer avec l’objectif d’aller chercher ce qu’il reste de plastique, poursuit le responsable. Nous allons le faire à petite échelle au début, nous ne connaissons pas encore la résistance mécanique des machines que nous allons installer puisque la matière n’est pas facile à traiter. Nous avons toujours voulu sortir un compost le plus propre possible pour ne pas avoir d’incidents sur l’environnement. C’est pourquoi ces nouvelles technologies sont absolument nécessaires, d’autant que nos installations actuelles sont vieillissantes.»

Pour ceci, il faudra attendre le printemps 2025. Pour l’ensemble des deux projets, un budget de cinq millions d’euros a été déposé avec le subside Feder qui s’élève à un peu moins de quatre millions. «C’est déjà ça que nous n’irons pas chercher dans la poche de nos citoyens, souligne Christophe Arnould. Et puis, c’est surtout l’environnement qui en tirera des avantages.»