Une grosse colère qui ne passe pas, une tension persistante, une envie de tout péter ? Un lieu vient d’ouvrir pour canaliser cette énergie débordante en cassant tout ce qui se trouve dans une pièce.
« Ça défoule », « franchement c’est marrant ». Arthur, David et Alice se disent « détendus » et partagent le bénéfice des vingt minutes passées dans la cellule de 25 m² de L’Exutoire, l’attraction que Michel Vicaire a lancée le 6 février, en marge de son salon de tatouage, rue Inoré-Fabbri à Ennery. Il ne peut plus tenir le dermographe depuis ce jour de juin 2020 où un quarante tonnes le renverse sur sa moto et le prive de l’usage de son bras droit. Ses nuits à regarder le plafond et la télé lui mettent devant les yeux des images américaines de particuliers passant leurs nerfs dans une fury room.
L’idée lui vient d’adapter le concept en Moselle, juste à côté de son tatoo shop, dans un hangar où il a aménagé une pièce intégralement dédiée à la destruction. L’accès est suspendu à un permis de tout casser, un des forfaits baptisés « Faute au Covid », « Chamboule tout », « Délicatesse professionnelle » (quand on a quelque chose contre son employeur ou son entreprise), « Tête à claque », « Cocktail mariage explosif »… Les durées sont modulables, de dix minutes jusqu’à l’épuisement, et les contenus aussi. « On commence avec dix bouteilles, de la vaisselle et du petit électro ménager », précise le concepteur, qui peut enrichir la formule de pièces supplémentaires jusqu’à une (petite) voiture. « Le but est d’extérioriser une rage, une colère », explique Michel Vicaire.
Pulvériser en toute liberté
Pour les trois jeunes clients qui achèvent leur session, le plaisir est dans le groupe. « C’est rigolo de voir Alice avec un gourdin aussi gros qu’elle. » C’est un des accessoires disponibles, avec un club de golf, une batte de baseball, une masse, une massette, un pied de biche, des manches de pioches. Du très solide pour frapper ce qui l’est beaucoup moins, mais qui parfois résiste. Michel Vicaire a découvert qu’un aspirateur ne se laissait pas faire facilement.
On ne passe évidemment pas à l’action sans protections avant de pulvériser ce qui tombe sous la main en toute liberté. « Il ne nous dit ne faites pas ci, ne faites pas ça, mais il ferme la porte » en prévenant des différentes réactions des débris sur les murs, rapportent David, Arthur et Alice, qui ont bien envie de revenir.
Frédéric Clausse (Le Républicain lorrain)