Ils sont des milliers de policiers mobilisés pour les Jeux olympiques de Paris : alors que les renforts convergent vers l’Ile-de-France, dans le reste du pays les services locaux, aux effectifs réduits, renoncent à leurs congés et espèrent un été « calme ».
Depuis le 1er juillet, 432 agents de la zone Est, qui regroupe Grand Est et Bourgogne-Franche-Comté, soit environ 7 600 agents actifs, ont déjà rallié Paris, selon une source syndicale.
« Tout se passe pour le mieux : on n’a pas eu de difficultés pour se loger, pour se nourrir, alors qu’on était un peu sceptique avant d’arriver. L’accueil n’est pas si mal, c’est même plutôt bien », témoigne un commandant alsacien envoyé en Seine-Saint-Denis.
Les renforts issus de la zone Est vont encore augmenter pour atteindre 1 356 du 24 juillet au 11 août, la « période rouge » correspondant aux Jeux olympiques, puis encore 684 pour les épreuves paralympiques (28 août-8 septembre). Sans compter les gendarmes.
Pour renforcer l’Ile-de-France sans dégarnir les autres régions en pleine période de vacances, le ministère de l’Intérieur a pris des mesures contraignantes : les congés sont interdits pendant les JO et limités le reste de l’été à deux semaines entre le 15 juin et le 15 septembre. Le taux de présence ne doit pas baisser sous les 75 %.
« C’est vraiment une année particulière et difficile pour les forces de l’ordre, les collègues sont déjà dans un état de nervosité et de fatigue important. Mais on reste professionnel, tout le monde comprend la nécessité de ces missions », assure Stéphane Morisse, secrétaire national du syndicat Un1té pour la zone Est.
« C’est juste que l’accumulation commence à faire beaucoup. Avant les Jeux olympiques, il y a eu des manifestations, le passage de la flamme, et toute la période électorale qui a mobilisé des effectifs. À force de tirer sur la corde, on a peur que le contrecoup soit important », souligne-t-il. Des primes allant jusqu’à 1 900 euros sont prévues pour les agents mobilisés en Ile-de-France.
Mobilisation tous azimuts
Face aux absences, l’heure est à la mobilisation de tous les agents disponibles pour maintenir la sécurité des territoires et encadrer les événements locaux.
« L’équilibre n’était pas simple à trouver, il ne faut vraiment pas que ça bouge. Pourvu qu’il ne se passe rien », déclare Sylvain André, délégué Alliance Police Nationale dans le Bas-Rhin.
La défaite de l’équipe de France de football en demi-finale de l’Euro a été vécue comme « une déception sportive, mais presque comme une satisfaction opérationnelle », reconnaît Stéphane Morisse. « En finale, on aurait eu une multiplication des fan zones, avec toute la délinquance périphérique qui tourne autour de ces événements, parfois des violences ou des dégradations ».
Dans les commissariats, la priorité est donnée aux opérations de maintien de l’ordre et de police secours, quitte, parfois, à modifier un peu le quotidien des services.
« À la BAC, notre cœur de métier c’est la lutte anti-criminalité. Mais parfois, on est mobilisé pour des appels au 17 sur des différends, du tapage, ce genre de choses, pour prêter main forte aux brigades qui ont toutes été un peu clairsemées avec les JO », explique David Ghisleri, délégué Alliance en Moselle.
Selon plusieurs syndicats, des services d’investigation pourraient également être sollicités pour aider les équipes de terrain au cours de l’été en cas d’activité inattendue.
Plages sans CRS
Si le Grand Est n’accueille pas d’épreuves olympiques, ailleurs en France les effectifs policiers seront « à 100 % » dans le Nord, où se dérouleront des compétitions de hand et de basket, selon le directeur interdépartemental de la Police nationale Thierry Courtecuisse.
« Lors d’un été classique, 40 % des forces de l’ordre sont mobilisables. Aujourd’hui, plus de 97 % le sont », a déclaré mardi à Paris Match le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
En revanche dans le Pas-de-Calais, les plages n’auront pas de CRS dans les postes de secours. À Calais, des fonctionnaires locaux ont été formés pour devenir maîtres nageurs sauveteurs, afin de pallier cette absence.
« Cette organisation a un coût pour les collectivités », souligne Philippe Mignonet, vice-président de la communauté d’agglomération.
Avec leurs marges de manœuvre réduites, les commissariats voient d’un mauvais œil les éventuelles turbulences politiques. « Si la formation d’un gouvernement provoque de grosses manifestations, ça va être compliqué », prévient David Ghisleri, en Moselle.