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Polémique à Guénange : «Un clip gentil à côté de ce qui se fait ailleurs»


Des jeunes extérieurs à Guénange sont venus tourner dans le quartier République. Un quartier tenu par les dealers où règne l’omerta. (photo RL)

Que sait-on du clip de rap tourné en plein jour à Guénange le 6 octobre et diffusé depuis le début du mois sur le net et les réseaux sociaux ? Des témoins extérieurs et des jeunes ayant pris part au tournage lâchent quelques bribes.

Le clip de rap sauvage tourné dans le quartier sensible de Guénange a inévitablement braqué tous les objectifs sur la ville. Du coup, les langues se délient. Un peu.

« On voulait tous y être »

Visiblement, beaucoup de jeunes étaient au courant du tournage de ce clip. Les deux interprètes, qui ne sont pas de Guénange comme bien d’autres protagonistes, préparaient leur coup depuis des semaines. Des appels ont été lancés sur les réseaux sociaux pour avertir que tournage il y aurait à Guénange le dimanche 6 octobre. Sur place, ceux qui n’avaient pas passé le « casting » préalable avaient encore l’occasion de s’y greffer.

C’est ce qu’ont fait des ados du quartier. Plusieurs gamins d’une petite dizaine d’années – que l’on voit danser tout sourire alors que leurs aînés cagoulés brandissent armes à feu et armes blanches – ne se sont pas gênés. « Au départ, ils leur ont dit de se casser mais les petits sont revenus. À la fin, ils les ont autorisés à rester là », raconte un ado ayant lui-même participé aux prises de vue. Pour le « ils », nous n’en saurons pas davantage, du moins de ce côté-là.

En fait, « tout le monde voulait en faire partie. C’est normal, c’est un clip quand même ! » « Il n’y avait rien de mal, juste un clip vidéo, ce n’est quand même pas grave », embraye un autre garçon.

Braver les interdits ?

Les jeunes témoins semblent minimiser la présence de drogue et encore moins d’armes ce jour-là. « Pas grave. Elles n’ont pas servi à tirer ; on n’a tué personne ». Et si un coup était parti accidentellement ? « De toute façon, on ne sait même pas si c’était de vraies armes… »

Un groupe de jeunes filles au courant du tournage « comme tout le monde » ne semble pas plus choqué que cela : « Pour nous, tout ça est normal ; c’est ce qu’on voit tout le temps sur les réseaux sociaux, au ciné, à la télé… À côté, ce clip est même très gentil. »

Les conditions du tournage

Le tournage du dimanche 6 octobre aurait duré plusieurs heures, entre la rue Mangin et la rue Jeanne-d’Arc. Dans ce quartier où règne l’omerta du fait des intimidations des dealers, de nombreux habitants ont préféré fermer les yeux. Ne pas poser de question. Des mamans ont empêché leurs enfants de sortir cet après midi-là au regard de ce qui se passait dans la rue. D’autres riverains « étaient à leur fenêtre. Ils voyaient tout mais ils étaient juste là, à fumer leur clope », raconte un autre témoin, en ayant encore une fois le sentiment de ne pas avoir franchi la ligne jaune.

Le Républicain lorrain