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Poker, tarots… en Lorraine, l’industrie de la carte bat encore


(Photo : AFP)

Elles n’ont pas changé depuis des siècles, si ce n’est un peu plus d’hermines sur un roi ou une reine, et pourtant il s’en vend toujours autant: en Lorraine, les cartes à jouer sortent encore par centaines de milliers d’une modeste usine.

Entourée de maisons, presque incongrue dans cette banlieue de Nancy, à Saint-Max, l’usine France Cartes fabrique chaque année environ un million de jeux. Belote à 32 cartes, tarots de jeux ou de Marseille sont distribués ensuite sous les différentes marques du groupe.
Rachetée en 2014 par le géant Carta Mundi, la société France Cartes est née en 1964. Jean-Marie Simon crée alors les cartes La Ducale, baptisées ainsi en hommage à Nancy. Petit à petit, l’entreprise grossit, jusqu’à acquérir la plus vénérable des maisons de cartes, Grimaud, qui fêtera ses 170 ans l’an prochain.

Si l’entreprise produit beaucoup de cartes pour d’autres jeux -7 familles, jeux de plateau…-, as de trèfle et rois de pique restent son cœur de métier. Avec une recette qui n’a jamais réellement changé.
« La principale, sinon la seule, caractéristique d’une carte, c’est d’être totalement opaque », explique Patrick Siedel, le directeur de l’usine. Et pour cela, il n’existe qu’une technique: il faut coller deux cartons avec de la colle… noire. Ainsi, l’opacité est assurée et aucun tricheur ne pourra voir le jeu de son concurrent -du moins par transparence.

Quant aux dessins de rois, reines, valets et autres, ils ne laissent pas beaucoup de place à l’originalité. Ainsi, pour les futurs jeux de cartes Grimaud, qui seront édités pour l’anniversaire de la marque, le graphiste de France Carte change à la marge: une hermine un peu plus longue ici, quelques cils en plus là… rien de plus.
Main basse sur les casinos
En 2016, France Cartes a produit en tout plus de 10 millions de jeux, pour quelque 9 millions d’euros de chiffre d’affaires, précise Patrick Siedel.

Un marché qui se porte bien

Ce qui permet à l’entreprise de compter dans un marché se portant plutôt bien: en 2016, le secteur de la carte à jouer représentait en France 50 millions d’euros, pour 4,8 millions de paquets vendus, selon le cabinet NPD.

Pourtant, la concurrence pèse, en provenance surtout de Chine et d’Inde. Le principal argument de France Cartes, souligne M. Siedel, est sa rapidité d’exécution: un jeu de cartes peut y être réalisé en quelques jours, contre deux mois pour ceux produits à l’étranger.

Quelques marchés restent aussi à l’abri, tapis dans un coin de l’usine, plus protégé que les autres: le luxe et… les casinos. Ornés là de petits cavaliers, ici des initiales d’une grande maison, des paquets de cartes de toutes tailles, dont les bords sont dorés à l’or, attendent d’être livrés.

À côté d’eux, les paquets destinés aux casinos sont bichonnés par l’entreprise, qui fournit l’essentiel du marché français: les cartes sont vérifiées et re-vérifiées, et chaque paquet est numéroté.

Un bon marché, selon France Cartes. Car chaque jeu n’est utilisé qu’une fois au casino, pour limiter au maximum les risques de tricherie. L’historique colle noire ne résistant pas toujours aux tricheurs les plus malins.

Le Quotidien / AFP