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Piscines de stockage du combustible à Cattenom : le vrai/faux


Pour EDF, il faut distinguer l’épaisseur de la partie supérieure et l’épaisseur de la partie inférieure, sous le niveau de l’eau. (Photo archives RL/Armand Flohr)

Le 27 février, Greenpeace et huit de ses militants seront jugés devant le tribunal correctionnel de Thionville. En octobre, ils avaient tiré un feu d’artifice à proximité du bâtiment abritant une piscine de stockage de combustible. Objectif : prouver la vulnérabilité de ces équipements. Essayons d’y voir plus clair.

Ces piscines sont des sites particulièrement sensibles

VRAI. Le combustible usé stocké dans ces piscines dispose encore d’une puissance résiduelle. Pour assurer les missions de désactivation, de protection contre les rayons et de refroidissement, les piscines ont besoin de deux éléments : eau et électricité. En clair : il doit toujours y avoir assez d’eau pour immerger les crayons de combustible usé qui sont stockés au fond de la piscine. Et cette eau doit toujours être refroidie, d’où la nécessité d’un approvisionnement électrique.

Que se passerait-il si l’eau froide venait à manquer ? Les crayons de combustibles finiraient par être découverts. Sous l’effet de la chaleur du combustible, les crayons pourraient alors se déformer puis se briser, « entraînant une fusion du matériau combustible lui-même », selon les mots d’un rapport rendu public par Greenpeace en octobre. En cas de brèche dans le bâtiment, cela aboutirait à des rejets importants dans l’environnement. Un désastre.

Ces piscines ne sont protégées que par un mur de béton de trente centimètres d’épaisseur

FAUX. Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire à Greenpeace affirme que les bâtiments abritant ces piscines ne sont pas plus solides que « des hangars agricoles ». L’association prétend que les murs de béton ne sont épais que de trente centimètres.

« Je conteste formellement ce chiffre, affirme Thierry Rosso, le directeur de la centrale nucléaire de Cattenom. Il y a deux niveaux dans ce bâtiment piscine : la partie supérieure et la partie inférieure. La limite, c’est le niveau de l’eau. Vous comprenez bien que seule la partie inférieure est importante, car c’est elle qui garantit notre capacité à conserver le niveau d’eau. Les chiffres de Greenpeace sont peut-être exacts pour la partie haute. Mais pour la partie inférieure, je peux vous dire que nous avons un niveau d’épaisseur de béton très supérieur à ce qu’annonce Greenpeace. » Pour une raison de sécurité évidente, EDF ne communique pas l’épaisseur exacte de l’enceinte inférieure de la piscine.

La menace terroriste n’a pas été prise en compte dans leur conception

VRAI, MAIS… Thierry Rosso le reconnaît : « L’année zéro de la prise en compte du risque d’une attaque terroriste de grande ampleur, c’est le 11-Septembre ». Bien après la construction du parc nucléaire français. La centrale de Cattenom serait donc vulnérable à une attaque terroriste.

« Ce serait un raccourci simpliste, conteste Thierry Rosso. Dans les centrales nucléaires, nous pratiquons l’amélioration continue. Le site évolue sans cesse avec les retours d’expérience en matière de sûreté comme de sécurité. Et depuis le 11 septembre 2001, énormément de choses ont changé. Il y a vingt ans, le peloton spécialisé de protection de la gendarmerie n’existait pas. Il y a vingt ans, nous disposions de moyens de secours beaucoup moins importants. La force d’action rapide du nucléaire n’existait pas. Les moyens de détection étaient moins importants. Nous avons su nous adapter à l’évolution de la menace. »

Anthony Villeneuve (Le Républicain Lorrain)