Les maîtres-nageurs de la piscine Lothaire ont décidé de faire évacuer les bassins hier après-midi. La raison ? L’un d’entre eux a été giflé, les autres ont été insultés. Les fonctionnaires de la Ville ne supportent plus les pressions de certains nageurs irascibles.
« C’est le zoo», s’exclame Pascal Sohm. Le chef de bassin de la piscine Lothaire vient de faire évacuer la piscine. Pas de gaieté de cœur. Hier après-midi, aux alentours de 15 h 30, un de ses collègues s’est fait agresser.
Le fond de l’histoire est presque banal. Un enfant de moins de 8 ans court autour du bassin. Le surveillant lui demande de marcher, comme le précise le règlement. Une fois, deux fois, trois fois. À la troisième, la maman intervient et se contente de gifler le maître-nageur. « C’est tout simplement une agression sur un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions », rappelle le chef de bassin. L’incident ne s’arrête toutefois pas là. Les témoins de la scène se regroupent, l’attroupement s’intensifie. « On s’est fait insulter » ajoute Pascal Sohm. Les maîtres-nageurs ne peuvent plus exercer leur fonction de surveillance, ils décident de faire évacuer les quelque 300 personnes présentes. « Ça a vraiment été très difficile, les gens sont vite agressifs. »
«J’estime que s’il y a agression, il s’agit de faire valoir notre droit de retrait, il n’était pas question de subir, et de reprendre notre travail comme si de rien n’était. » Les polices municipale et nationale ont été appelées en renfort. « Mon collègue a décidé de porter plainte.»
Dégradation des conditions de travail
Pascal Sohm ne parle pas de ras-le-bol. Il évoque toutefois des conditions de travail actuellement difficile. « Nous n’avons pas encore les effectifs de la période estivale, or, il fait très chaud et la fréquentation est en nette hausse » argue-t-il, tout en pointant encore des plages horaires qui s’étendent de 8 à 21 h. « Nous sommes épuisés. On ne tiendra pas tout l’été comme ça. »
Thierry Charreire, président régional de la Fédération nationale des maîtres nageurs sauveteurs (FNMNS) et président du Syndicat autonome de la fonction publique territoriale (SAFPT), ne tergiverse pas. « Il fallait évacuer pour calmer les esprits. Les collègues ont été choqués. Il faut savoir que depuis le début du mois de juin, il y a eu huit ou neuf cas semblables. »
Les incivilités, les agressions verbales, l’irrespect des règles de sécurité augmentent. Le chef de bassin de la piscine Lothaire affirme que ces trois dernières années, « les usagers deviennent clients et chacun veut la piscine pour lui tout seul ». En période de fortes chaleurs, il constate des modifications des comportements. « Les gens sont euphoriques, ils deviennent plus agressifs.» Comment améliorer les conditions de travail ? « Nous voulons des gens dans les piscines pour assurer la médiation », insiste Thierry Charreire.
Aussitôt dit, aussitôt fait. La mairie de Metz a été très réactive, en promettant la mise en place d’un service de sécurité dès samedi matin, afin de pouvoir intervenir en cas de problèmes et de canaliser les personnes malveillantes. La piscine rouvrira ses portes le même jour. « En période de canicule, la police municipale fera, comme l’an passé d’ailleurs, des tournées supplémentaires aux abords des piscines », a complété Sébastien Koenig, l’adjoint chargé de la sécurité.
Anne Rimlinger-Pignon (Le Républicain Lorrain)