Plus que des mots, plus qu’un simple ressenti, une réalité photographiée. Histoire de se faire une idée du taux d’occupation du parking-relais de Metzange, notre photographe s’est rendu, du lundi au vendredi, sur site. Il ressort de ses clichés une fréquentation faiblarde. Impression trompeuse ?
Parking-relais de Metzange, lundi 15 mars : 599 places disponibles ; vendredi 19 mars : 628 places disponibles. Nous nous permettrons de faire l’économie des chiffres de fréquentation des jours engoncés entre les deux versants de cette semaine de travail. Ils s’inscrivent dans la même tonalité et dépeignent une même impression de vide. Pour rappel, ce P + R dévolu à la mobilité frontalière et cofinancé par le Luxembourg – une première à saluer dans la longue histoire chaotique avec le Grand-Duché sur la question frontalière – dispose de 750 places de stationnement. Ce géant, en éveil depuis son inauguration le 15 février, ne fait visiblement pas recette. À l’œil nu, le démarrage se révèle poussif alors même que le cadencement de certaines lignes frontalières cristallise le mécontentement d’une frange d’usagers.
Mais en creusant un peu, un tout petit peu, on se rend rapidement compte que cette première impression est trompeuse.
400 abonnements
« C’est plutôt encourageant », fait savoir Pierrick Grall. Le directeur de cabinet de Pierre Cuny, le président de Portes de France-Thionville, se réfère aux chiffres. À d’autres chiffres que ceux renvoyés par le panneau de fréquentation journalière du P + R. En l’espèce ceux des abonnements qui viennent de dépasser le cap des 400, « soit aujourd’hui 60 % de la capacité totale du parking-relais. C’est plutôt… » Encourageant, oui.
« Servir nos intérêts »
Autre donnée intéressante : l’origine géographique de ces fidèles nouvellement convertis au lieu. Sur ces 400 abonnés, 30 % proviennent du territoire de l’agglomération et 55 % du Val de Fensch voisin. Reste donc 15 %, les « extérieurs » pour lesquels, précision importante, le tarif du forfait mensuel s’envole à 40 € ( contre 10 € pour les locaux ). Là aussi sujette à de vives critiques , la barrière tarifaire conforte la position assumée de Portes de France-Thionville : « Servir avant tout les intérêts de “nos” travailleurs frontaliers. Avant la création de ce parking-relais, bon nombre d’usagers se plaignaient de la saturation du parking de Kinepolis d’où partaient les lignes de bus transfrontalières. À 6h30, il ne restait plus aucune place de stationnement », rappelle justement Pierrick Grall.
Reste le « faux mystère » qui entoure ce taux d’occupation journalier très faible au regard de la masse d’abonnés. Sans surprise, l’explication tient à la maladie du moment, la Covid et à son incidence sur le quotidien des frontaliers : « Beaucoup sont en télétravail et ne se rendent que quelques jours dans la semaine au Luxembourg. D’où cette impression de vide », résume simplement le directeur de cabinet. En sortie de crise, le P + R de Metzange se révélera sans doute plus photogénique.
Jean-Michel Cavalli (Le Républicain Lorrain)