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Ouvriers percutés par une rame d’essai en Meuse : prison avec sursis requise


Le 1er décembre 2011 vers 8h30, neuf ouvriers, travaillant sur une portion de voie ferrée privatisée par Alstom, avaient été surpris par un train Régiolis effectuant un essai. (illustration ©Alstom)

Des peines de prison avec sursis ont été requises vendredi à l’encontre de deux personnes, jugées à Bar-le-Duc pour la mort de trois ouvriers fauchés par une rame d’essai sur une voie ferrée privatisée par Alstom, dans la Meuse en 2011.

Le jugement sera rendu le 3 septembre. Le procureur, Olivier Glady, a demandé 18 mois de prison avec sursis contre un homme de 31 ans, responsable du poste de contrôle et de commande (PCC) du site, et 24 mois avec sursis contre un homme de 33 ans chargé de la sécurité.

Leurs conseils ont plaidé la relaxe, rejetant la responsabilité sur « la grande complexité de l’organisation du site » entre Alstom Transport et l’une de ses succursales, le Centre d’essai ferroviaire (CEF), « le défaut d’informations », l’absence de « formation adéquate » des agents et l’insuffisance des moyens de sécurité.

« Défaillances successives »

Ces « manquements » avaient été pointés dans ses réquisitions par le procureur qui a dénoncé « un plan général de coordination incomplet dès le début du chantier ». Il a requis une amende de 100 000 euros et 50 000 euros à l’encontre respectivement d’Alstom et CEF. « On a des trains qui circulent, des travaux qui se font et personne ne met des fanions sur la voie » pour signaler la présence d’ouvriers, s’est désolé l’avocat d’un des prévenus, Me Jean-Édouard Robiou Du Pont.

Le 1er décembre 2011 vers 8h30, neuf ouvriers, travaillant sur une portion de voie ferrée privatisée par Alstom, avaient été surpris par un train Régiolis, effectuant un essai près de Willeroncourt. Trois d’entre eux, âgés de 42 à 53 ans, avaient été mortellement percutés par la rame. Ce jour-là, le prototype du train devait être inauguré, en présence d’élus régionaux. La veille, une interdiction de travaux jusqu’à 14h, une restriction d’accès au site pour les entreprises réalisant les chantiers et un essai supplémentaire d’un Régiolis à 8h avaient été décidés. Mais la transmission des consignes aux protagonistes et le contrôle de l’application des mesures ont connu « des défaillances successives », a relevé le procureur.

L’ « inexpérience » de certains cadres

Les avocats des deux prévenus ont souligné leur « inexpérience ». « Il a eu quelques jours seulement pour se familiariser avec des réflexes professionnels et le voilà propulsé, à 23 ans, avec un contrat de technicien d’exploitation, responsable PCC », a résumé en défense Me Xavier Lignot.

Le procureur a en revanche requis la relaxe pour une femme de 32 ans, agent de sécurité au poste de garde, et un cadre de 55 ans chargé de la supervision des essais ferroviaires. Il a souligné « l’imbrication très forte des personnels de CEF et Alstom et l’insuffisante clarification de leur responsabilité respective ». La transmission des informations a pu aussi être perturbée par le passage, le 1er décembre, de la portion de voie appartenant à Alstom sous la responsabilité de CEF, a-t-il ajouté.

Les quatre prévenus et les deux sociétés étaient jugés depuis lundi pour « homicides involontaires dans le cadre du travail ». Un chef de chantier, mis en cause par l’enquête, est décédé en 2015.

LQ/AFP