L’ossuaire de Jouaville, accolé à l’église de ce petit village du Pays de Briey, a été « visité ». Cette violation de sépulture n’est pas sans rappeler deux autres méfaits du même type survenus récemment en Moselle-Est. Un « gang des crânes » sévirait-il dans la région ?
L’enquête, inédite dans le secteur, s’annonce délicate pour les gendarmes de Mars-la-Tour. Samedi, ils se sont rendus à Jouaville pour constater la violation de l’ossuaire. L’alerte a été donnée par la petite-fille du maire Christian Durand qui passait par là avec sa cousine. L’édifice reposait jusqu’à présent en paix. Accolé à l’église Saint-Christophe, il somnolait dans l’anonymat le plus complet, à l’abri des regards car enclavé par l’ancienne école et une maison d’habitation.
L’intrusion dans la sépulture s’est réalisée par la petite toiture qui la surmonte. Quelques tuiles soulevées ont suffi à pénétrer dans ce sanctuaire abritant des défunts anonymes. Voilà la seule et unique certitude qui habite les enquêteurs. Pour le reste, c’est le flou complet…
« Tout a été remué. D’ordinaire, à l’intérieur de cet ossuaire, les ossements sont correctement alignés », confie l’adjudant Potentier. Un militaire circonspect sur la portée de cette profanation dont on ignore par ailleurs la date. La dernière fois que la sépulture a été vue dans son état originel remonte au 6 février dernier…
Jamais inventoriés
La question du « quand » non résolue, se pose désormais l’interrogation relative aux motivations du ou des auteurs de ce désordre difficilement qualifiable. Vol ? Les ossements n’ont jamais fait l’objet d’un inventaire. Le « pourquoi » demeure donc, lui aussi, mystérieux. Reste le « qui ». Et là, une (petite) piste se dégage.
Fin mars, cinquant crânes se sont volatilisés de l’ossuaire de Bérig, en Moselle-Est. La semaine dernière, ce fut au tour de l’ossuaire de Boustroff, distant d’une poignée de kilomètres, de recevoir une « visite » impromptue. Précision : à l’instar de Jouaville, le contenu de ce monument funéraire n’est pas répertorié.
Trois ossuaires, donc, ciblés en moins de deux semaines ? Si aucune preuve ne permet, pour l’heure, d’établir un lien entre ces intrusions, la thèse d’un « gang des crânes » sévissant dans le secteur ne semble pas si farfelue… « Oui, ça pourrait être la même équipe », acquiesce-t-on prudemment à la gendarmerie de Mars-la-Tour. Celle-ci en profite d’ailleurs pour lancer un appel à témoins (tél. : 03 82 33 92 44).
Jean-Michel Cavalli (Le Républicain Lorrain)