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Onze jeunes de Fameck aident les migrants de la « jungle » de Calais


Houssem, Yasmina, Sophiane, Amine, Mohammed et Linda ont passé une journée dans la « jungle » de Calais le 26 décembre. Ils veulent y revenir pour aider davantage. (photo Armand Flohr / RL)

Onze jeunes originaires du nord mosellan, bénévoles dans une association de Fameck, ont passé une journée dans la « jungle » de Calais, pour distribuer des vêtements aux migrants.

Ne leur parlez pas de la « jungle » de Calais. Eux préfèrent dire « camp de réfugiés ». « Ça n’a rien d’une jungle », explique Houssem. « Une jungle, c’est une forêt peuplée d’animaux sauvages et dangereux. Nous, nous n’avons ressenti aucun danger dans ce camp. Nous n’avons vu que des hommes et des femmes qui, malgré leur détresse, ont échangé avec nous des sourires. »

Comme ses dix amis de l’Association humanitaire aux peuples opprimés (Ahpo) de Fameck, qui regroupe des jeunes engagés dans une démarche apolitique et laïque, Houssem n’oubliera jamais cette journée du 26 décembre. « Tout a été organisé dans l’urgence », raconte Linda Dakiche, la présidente. « Nous avons pris la décision de partir le mardi 22 décembre et le samedi suivant, nous étions à Calais ! »

Tout avait en fait commencé en septembre. « Nous avions organisé une collecte de vêtements pour les réfugiés », se souvient la présidente. « Nous en avions récolté énormément, au point de ne plus savoir où les stocker… »

Les jeunes bénévoles de l’association ont fait une première distribution dans un camp de Roms à Metz. « Mais il nous en restait encore beaucoup », sourit Linda. « Nous tenions à ce que ces vêtements aillent aux réfugiés. Nous avons pensé à Calais. »

Quatre jours plus tard, après avoir trouvé une association relais sur place et déniché deux véhicules (un minibus prêté par la Ville de Fameck et un camion de 18 m³ bourré de vêtements), ils étaient dans la « jungle ».

« Tous les vêtements ont été confiés à L’Auberge des migrants », explique Sophiane, un autre jeune bénévole. « Nous nous attendions à trouver une petite assoc’ comme nous, mais c’est en fait une énorme structure, qui sert chaque jour des milliers de repas et distribue des centaines de vêtements. Elle s’est organisée en quelques mois pour faire face à l’augmentation du nombre de réfugiés. »

Un véritable village

Selon les derniers comptages, il y aurait aujourd’hui 6 000 migrants dans les différents camps. « C’est un village », décrit Houssem. « Il y a les tentes et les cabanes en bois, mais aussi une épicerie, des restaurants, des salles de prière… » Il y a même une discothèque pour que les Afghans, Syriens, Irakiens, Somaliens ou Erythréens oublient, le temps d’une soirée de fête, le cauchemar qu’ils vivent à Calais.

Tous sont en attente des papiers qui leur permettraient d’entrer au Royaume-Uni. « Quand tu discutes avec eux, ils te parlent de l’Angleterre comme de la Terre promise », raconte Sophiane. « Ils connaissent souvent des amis qui s’y sont installés et qui ont réussi à trouver un travail et à faire leur vie là-bas. »

Parmi les bénévoles de l’Auberge des migrants, les jeunes mosellans ont d’ailleurs rencontré beaucoup d’Anglais. « Contrairement à ce que l’on croit, il y a de très nombreux citoyens britanniques indignés par cette situation », affirme Mohammed, qui était lui aussi du voyage.

Les jeunes Fameckois ont déjà pour projet d’y retourner, afin d’aider ces bénévoles. « Une journée, c’était trop court », regrette Houssem. Là-bas, nous avons réalisé que ces réfugiés avaient besoin de parler, de raconter leur histoire, de chanter, de rire, de danser, de jouer au foot aussi.

En fait, ils ont besoin que l’on s’intéresse à eux, qu’on leur consacre du temps. » « Notre association est petite et n’a pas beaucoup de ressources », ajoute Linda. « Il nous est difficile d’acheter du matériel ou de la nourriture pour ces peuples en souffrance. Mais le temps, ça ne coûte pas cher… »

Anthony Villeneuve (Le Républicain lorrain)