Sébastien Proto, le directeur du groupe Elsan, prône une majoration des rémunérations des soignants, pour que les structures hospitalières de Moselle conservent leur personnel.
Le groupe d’hôpitaux privés Elsan est à la manœuvre pour faire sortir de terre le nouvel hôpital de Maizières-lès-Metz.
Ce lundi 28 octobre, vous allez symboliquement poser la première pierre du nouvel hôpital de Maizières-lès-Metz, dont la construction est bien avancée. Est-ce important pour le groupe Elsan?
Sébastien Proto : C’est extrêmement important pour les 800 000 habitants de ce bassin de population, dans lequel il y a des enjeux d’amélioration des prises en charge de santé. Le groupe Elsan est un acteur de territoire, tous nos établissements de santé sont en province, nous sommes présents dans soixante départements en France. Notre ADN consiste à conjuguer l’excellence médicale, l’innovation et l’accessibilité. À Maizières-lès-Metz, c’est ce dont on parle.
Vous avez injecté 150 millions d’euros dans cette structure?
Le coût de ce nouvel hôpital est de 150 millions d’euros. La société de gestion Euryale assure le financement de l’investissement de départ. Nous sommes locataires et payons par des loyers le montant de cet investissement considérable. Nous n’avons pas eu, à l’exception d’une subvention de l’Agence de l’eau, d’aides publiques.
La nouvelle structure est implantée sur dix hectares, dont un consacré au bâtiment. Vous imaginez déjà la suite?
La suite est dans la construction du bâtiment. Il s’agit d’être en capacité de faire évoluer l’intérieur d’un bâtiment au fur et à mesure des évolutions des prises en charge. Il répond au développement de l’ambulatoire, une attente des patients qui se développera, il permet d’anticiper l’évolution du nombre de prises en charge des patients dans la durée.
Dans l’immédiat, songez-vous à ouvrir de nouveaux services?
Nous voulons que l’ensemble des patients bénéficient de l’offre de santé la plus large. Nous comptons vingt-six spécialités médicales et chirurgicales, vingt-quatre salles de bloc opératoire, des urgences, un service SOS Main, un institut de cancérologie, de l’imagerie, de la kiné. La prise en charge est complète sur un même lieu.
Il manque des réponses à la médecine nucléaire sur le territoire. Par conséquent, les patients se dirigent vers Nancy. Songez-vous à disposer d’un tel service?
Dans le cadre du Projet régional de santé, il y a une autorisation qui sera disponible en médecine nucléaire. Le groupe Elsan et la clinique Claude-Bernard déposent un dossier pour obtenir cette autorisation de médecine nucléaire. Entre la volonté du groupe et ce qu’il peut faire, il y a la décision de l’Agence régionale de santé (ARS) sur l’octroi d’une autorisation.
À votre avis, que manque-t-il sur le territoire en matière de santé?
Ce qui est important, ce sont les professionnels de santé et les médecins. La spécificité du Grand Est est sa position géographique à proximité du Luxembourg. Cela reste un enjeu pour avoir les praticiens et les personnels soignants en nombre suffisant. Nous n’avons de cesse de dire qu’il faut tenir compte de l’écart de rémunération qui est défavorable à l’ensemble des acteurs publics et privés. Nous souhaiterions qu’il y ait une majoration des rémunérations pour résister à la concurrence du Luxembourg. D’autant plus que le Luxembourg va devoir gérer ses propres départs à la retraite et que le problème risque de s’aggraver.
Recueilli par Anne Rimlinger
(Le Républicain lorrain)
Ouverture de l’hôpital prévue pour juillet 2026
Le nouvel hôpital Claude-Bernard, porté par le groupe Elsan, est sorti de terre à Maizières-lès-Metz. Il est bien avancé, on peut reconnaître sa forme de U. Des chambres et pièces techniques témoins ont été créées pour que les professionnels de santé puissent apporter des modifications avant la réalisation finale.
Ce nouvel hôpital aurait dû être inauguré en 2023, il devrait l’être en juillet 2026. Quelles sont les raisons de ce retard? «Il y a une succession d’événements majeurs, le covid évidemment et le choc d’inflation qui a suivi la guerre en Ukraine. La sélection des entreprises a été plus longue que prévu. Nous avons dû nous adapter à ce contexte de très forte inflation qui augmente de 20 % le coût initial du projet. En dépit des impondérables, nous avons maintenu notre engagement», expliquait en mars Sébastien Proto.