Chaque jour, plus de cent personnes s’affairent à l’intérieur de Notre-Dame de Paris pour travailler à la sauvegarde du monument. Les corps d’état sont mobilisés dans un esprit qui force le respect. Parmi les entreprises, Europe Échafaudage et Le Bras frères de Jarny en Meurthe-et-Moselle.
«De l’extérieur, on ne voit rien. À l’intérieur, c’est une ruche, une dynamique extraordinaire avec une organisation au millimètre.» Julien Le Bras, qui s’exprime au nom d’Europe Échafaudage et Le Bras frères, les deux entreprises de Jarny retenues pour les travaux de Notre-Dame de Paris, est à pied d’œuvre depuis le sinistre qui a ravagé la cathédrale. L’entreprise a été mise à rude épreuve, presque désignée responsable «alors qu’aujourd’hui, aucun élément à charge n’a été mis au jour contre nous».
70 personnes sur «un chantier exceptionnel»
Ingénieurs, compagnons et encadrants, 70 personnes s’affairent à la sauvegarde du monument. Les pignons nord, sud, ouest ont été confortés, tandis que 1000 mètres de clôture délimitent un périmètre de protection autour de l’édifice pour éviter toute intrusion. «Il y a eu le temps du drame, celui de la désolation», exprime Julien Le Bras. «Là, on sent déjà un début de renaissance. On est sur un chantier exceptionnel avec des performances exceptionnelles.»
Verriers, ferronniers, charpentiers, électriciens, archéologues, tailleurs de pierre, échafaudeurs, cordistes., tout le monde travaille en osmose. Philippe Villeneuve, architecte en chef des Monuments historiques, orchestre le tout, avec trois de ses confrères. Tout est calculé, modélisé, analysé pour avoir les cotes précises des zones effondrées, de celles déformées.
Au chevet des piliers des arcs-boutants…
Des essais en laboratoire sont réalisés pour connaître les capacités portantes des pierres. «Il faut dresser les hypothèses les plus précises possible. Aucun risque ne doit être pris.» Le Bras a effectué les frettages de deux piliers qui avaient perdu leur capacité portante. L’entreprise a conforté une quarantaine de baies hautes, dont les vitraux ont été déposés par précaution. «Pour la dépose, 60 maîtres verriers s’étaient rendus sur le site en 24 heures», relate, admiratif, Julien Le Bras. Son bureau d’études analyse la mise sous cintre des arcs-boutants, un système de poutraison en bois pour soutenir les restes de la charpente et y tendre un bâchage. «400m³ de bois ont été fournis par la Sté Weisrock (Vosges). Ils ont travaillé jour et nuit, Pâques compris. Nous avons réalisé la taille et l’assemblage, prêts à en gruter une moitié.»
Puis, dans un second temps, une fois la structure confortée, un nouvel échafaudage, recouvert de ce qui ressemblera à un immense chapiteau, viendra surplomber et entourer la cathédrale d’ici la fin de l’année. Parallèlement, Le Bras mène le chantier de couverture et d’ornements de la chapelle royale de Versailles et travaille sur une dizaine de cathédrales en France. «La vie de l’entreprise est encore longue et pleine de projets.»
Laurence Schmitt/RL