Le procès d’une femme, âgée de 44 ans et mère de quatre enfants, soupçonnée d’avoir donné la mort à trois nourrissons entre 2000 et 2009, s’est ouvert jeudi matin devant la cour d’assises de Meurthe-et-Moselle, à Nancy.
Karine Hatterer est apparue très éprouvée à l’ouverture des débats. L’accusée, qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité, comparaît libre. Placée en détention provisoire en 2009, elle a bénéficié d’un contrôle judiciaire quelques mois plus tard.
Deux nourrissons, qui seraient nés en 2000 et 2007, ont été découverts par le père dans un congélateur et un panier à linge aux domiciles familiaux situés à Foug puis Écrouves en 2007 et 2009. Les restes d’un troisième bébé ont été trouvés par les enquêteurs dans les combles de l’habitation sur les indications de la mère de famille en 2009. Dans ses déclarations, qui comportent des incohérences, la quadragénaire a affirmé avoir découvert ses grossesses tardivement et avoir accouché seule. A chaque fois, le bébé n’avait pas bougé et n’avait pas pleuré, a-t-elle affirmé.
L’un avait été placé dans le congélateur, le deuxième abandonné dans un terrain vague où elle avait accouché puis enveloppé dans des sacs et le troisième placé dans un sac de voyage. « Elle démentait avoir voulu cacher ses grossesses et avoir tué ses nouveau-nés. Elle maintenait qu’elle n’avait pas conscience d’être enceinte et ne parvenait pas à s’expliquer le fait qu’elle ait conservé la dépouille de ses enfants défunts », selon l’accusation.
Des difficultés conjugales
L’accusée a refusé de se soumettre à un examen avec un gynécologue spécialiste du déni de grossesse. Son compagnon a assuré ignorer les grossesses de sa concubine rencontrée en 1994. Il avait néanmoins appelé les pompiers un soir de décembre 2009 voyant qu’elle perdait du sang, mais elle avait refusé d’être prise en charge. Le couple a donné naissance à quatre enfants entre 1998 et 2010, le dernier étant né alors que l’accusée était en détention provisoire.
Les causes du décès ont pu être établies pour le premier nouveau-né – une détresse respiratoire aiguë liée à l’inhalation du liquide amniotique -, mais pas pour les deux autres en raison de leur état de décomposition avancée. L’entourage de Karine Hatterer l’a décrite comme « une mère affectueuse qui s’occupait bien de ses enfants », mais « triste et renfermée ». Elle se plaignait parfois de l’addiction de son compagnon à l’alcool et aux stupéfiants et de ses infidélités. Le verdict est attendu vendredi.
Le Quotidien/AFP