Hugo, âgé de cinq jours, est actuellement entre la vie et la mort au CHU. Son père a déposé plainte contre la maternité. Malformation du bébé ou négligence du personnel de la clinique Saint-Nabor de Saint-Avold ? La justice va devoir trancher
Un homme abattu, en colère. Son fils Hugo, âgé de cinq jours, est entre la vie et la mort au CHU de Nancy Brabois. « J’appelle toutes les quatre heures pour avoir des nouvelles. Les médecins sont pessimistes. Il semblerait que les poumons et le foie du petit ne fonctionnent plus. » Hugo, c’est le troisième enfant de cette famille naborienne. Un petit bout désiré par-dessus tout par ses parents Jean-Sébastian et Gwendoline Aubrun. L’accouchement était prévu le 10 avril, mais l’enfant s’est fait attendre. « Alors nous nous étions mis d’accord avec le gynécologue de la clinique Saint-Nabor pour le déclencher. » Rendez-vous est donc pris vendredi à 8 h.
La future maman est prise en charge par le personnel de la maternité, et conduite dans le service où l’anesthésiste lui pose une péridurale. « Mais elle a été victime d’un malaise, raconte Jean-Sébastian. Il a fallu la faire revenir à elle et, par précaution, il semblerait qu’ils aient maintenu la perfusion mais en réduisant le débit. » Gwendoline sent que son bébé est sur le point d’arriver et les contractions s’accélèrent, douloureuses. « Elle hurlait, tellement ça lui faisait mal. » À 11 h, la sage-femme effectue les gestes nécessaires pour permettre l’accouchement. Mais Hugo ne paraît pas encore décidé à quitter le ventre de sa mère. Deux heures et demie plus tard, après une énième manipulation du personnel médical, Gwendoline sent que le moment est venu.
« Elle a appelé à l’aide mais personne n’est venu. Elle s’est mise à crier car seule une partie de la tête de notre fils apparaissait. Ça a duré de longues minutes avant que quelqu’un n’intervienne », assure le papa.
Coma artificiel
Le nouveau-né présente des signes de faiblesse et a du mal à respirer. « Il a été placé sous oxygène. » Commence une attente interminable. L’état de santé de l’enfant se dégrade, un pédiatre du SMUR de Forbach est appelé en renfort. « Il nous a dit qu’Hugo avait avalé du liquide amniotique et du sang et qu’il aurait fallu tout de suite lui aspirer les bronches, ce qui n’a pas été fait. » Au fil des minutes, Jean-Sébastian comprend que le pronostic vital est engagé.
« Nous étions dans la chambre de la maternité. On nous a présenté Hugo dans une couveuse, relié à des tuyaux avant de l’emmener d’urgence au service de néonatalité à Forbach. » Rien n’y fait. Malgré les efforts des médecins, décision est prise de transférer le petit garçon au CHU de Brabois où, depuis, il est placé dans un coma artificiel, il lutte pour vivre. « Nous avons porté plainte contre la maternité pour non-assistance à personne en danger », indique Jean-Sébastian.
Joint hier après-midi, le directeur de la clinique Saint-Nabor, Romuald Chesinski, explique : « Le protocole a été respecté tant pour l’accouchement que lors de la procédure de transfert en service de réanimation néonatale. Il faut savoir que le papa n’était pas présent en salle de travail. Il est clair qu’il s’est passé quelque chose d’anormal et nous ne savons pas encore si le bébé présentait une malformation ou s’il y a eu un souci durant l’accouchement. En tout état de cause, nous allons mener une enquête. S’il y a faute, il y aura sanctions et nous ferons tout pour réparer cette erreur. » Une rencontre est prévue ce matin entre les deux parties.
Romuald Ponzoni (Le Républicain lorrain)