Un prêtre meusien, fan de musique metal, a été appelé à la rescousse par l’évêché des Vosges après le dérapage de l’abbé Schneider.
Le père Bertrand Monnier, prêtre à la paroisse de Bar-le-Duc, a un profil très particulier. L’homme d’Eglise est aussi un inconditionnel de musique metal. Il porte couramment un tee-shirt à l’effigie d’Iron Maiden sous son col romain et arbore une croix celtique qui voisine avec celle du Christ. Il est aussi l’un des membres fondateurs de l’association Metalphizik qui organise des concerts de hard rock dans la région. « Ce n’est pas du tout incompatible », répète-t-il, sachant les réserves que ce voisinage peut engendrer dans les milieux ecclésiastiques.
Cette double passion du Christ et de la musique metal lui vaut d’avoir été appelé à la rescousse par le vice-général de l’évêché des Vosges, suite à l’homélie controversée de l’abbé François Schneider, prêtre de la paroisse de la Sainte- Trinité, près de Saint-Dié. Ce dernier lors d’un hommage, fin novembre, aux victimes des attentats parisiens, a qualifié le concert donné au Bataclan de « musique inspirée du diable ». L’homélie a choqué. Le prêtre vosgien, connu pour ses positions traditionalistes, a fait depuis son mea culpa devant ses fidèles. « Je regrette d’avoir alimenté une polémique au sujet de certains genres musicaux », a-t-il notamment déclaré, l’acte de contrition étant exigé par l’évêque.
« Apaiser les esprits »
« Le vicaire général souhaite que j’intervienne dans cette paroisse pour apaiser les esprits et dégonfler la baudruche », précise le père Monnier qui n’a pas « encore mis ce rendez-vous dans l’agenda ». « Je ne sais pas encore si cela prendra la forme d’une conférence, d’un débat ou d’une table ronde », poursuit-il. Il ne se prononce pas sur la sortie de son confrère.
« L’Eglise doit s’interroger sur ses dérapages et la société sur ses a priori », estime le père Bertrand Monnier qui ne se pose pas en donneur de leçons. Il voit des liens insoupçonnés « entre la foi et le metal » et considère la filiation avec Satan comme « un manque de discernement ».
Vous avez dit sataniste ?
Bertrand Monnier cite les travaux du père Robert Culat, prêtre à Avignon, qui avant lui a défendu cette musique : « Entre un jeune métalleux qui se dit et s’affiche sataniste et un citoyen normal, individualiste, égocentrique, égoïste, consumériste, avare, menteur… le plus sataniste n’est peut-être pas celui auquel on pense spontanément. »
Lui est très loin d’une quelconque schizophrénie. Il assume avec naturel ses deux cultures présentes dans sa vie depuis toujours. « Enfant, j’étais très porté sur l’imaginaire, je lisais des livres de vampires et de monstres. Je me suis mis à écouter du metal car cela me correspondait », se souvient ce fils de famille catholique, nombreuse et « traditionnelle ».
L’abbé Monnier fait tomber quelques idées reçues. Salutaire dans ce monde qui en est saturé.