Depuis le 11 mai, les déplacements sont autorisés dans un rayon de 100 km en France. Les frontières entre l’Hexagone et les pays voisins restent toutefois fermées jusqu’au 15 juin. Un flou persiste sur les motifs autorisés de déplacements à l’étranger, notamment au Luxembourg.
Depuis le 17 mars, Aurélien et sa compagne sont séparés par la frontière franco-belge. Lui habite dans le Pays-Haut mosellan. Elle à Arlon, en Belgique. Moins de 100 kilomètres les séparent. Pourtant, ils ne peuvent toujours pas se voir. La frontière est fermée au moins jusqu’au 15 juin.
Comme eux, des centaines de couples subissent le même sort. Ils se sont rassemblés sur un groupe Facebook baptisé Groupe d’entraide pour couples transfrontaliers Covid_19.
Consommation, soins et familles à étranger
Ils ressentent tous le même sentiment d’injustice. Sur le territoire national, les déplacements sont autorisés dans un rayon de 100 kilomètres. Officiellement, ils ne sont autorisés à se rendre à l’étranger que pour motifs professionnels. Un cadre rigide qui se heurte au contexte socio-économique du Nord lorrain : nombreux sont ceux qui dépendent du Luxembourg ou de l’Allemagne pour se soigner ou pour remplir le réservoir des voitures. D’autres y ont de la famille, des proches. Les Lorrains se sentent floués…
« J’habite à Luxembourg et ma mère qui vit seule à Hayange à 88 ans, attend ma visite avec impatience. Puis-je aller lui rendre visite ? Dois-je avoir un document pour sortir du Grand-Duché ? Dois-je avoir une attestation pour rentrer en France ? », se demande un Français installé de l’autre côté de la frontière. L’imperméabilité de la frontière franco-allemande est elle aussi sujette à débat. La pression citoyenne et politique sur une réouverture anticipée est maximale. Et quid de la Belgique, qu’empruntent beaucoup de Français pour se rendre au travail au Luxembourg ?
La liste des motifs autorisés bientôt complétée
Dans un courrier envoyé lundi dernier, la sénatrice de Meurthe-et-Moselle Véronique Guillotin a demandé au Premier Ministre Édouard Philippe de préciser les règles à appliquer. « Des réponses claires doivent être apportées au plus vite à ces Françaises et Français vivant dans un espace transfrontalier, où ils travaillent, mais aussi où ils consomment, parfois contraints par la situation locale », écrit-elle.
D’après la Préfecture, le gouvernement devrait compléter « ces prochains jours », la liste des motifs de déplacement autorisés de la Moselle vers l’Allemagne et le Luxembourg. En attendant, seuls « les travailleurs français frontaliers sont autorisés à se rendre au Grand-Duché du Luxembourg et en Allemagne, en se munissant d’un justificatif de leur activité professionnelle (attestation de l’employeur). »
Damien Golini (Le Républicain lorrain)