Le bilan de la qualité de l’eau des cours d’eau de Moselle Nord est peu flatteur. Des discussions vont s’engager avec l’ensemble des acteurs.
L’Agence de l’eau publie une étude de synthèse portant sur les 37 territoires de son bassin. Des documents riches d’enseignements, notamment concernant la Moselle Nord, dans la perspective des exigences 2027 fixées par l’Union européene (UE).
Avec respectivement 5% (Bassin ferrifère) et 2 % (Métropole Lorraine bassin nord) des cours d’eau en bon état écologique dans les territoires, au sens de l’Agence de l’eau, sur lesquels est à cheval le Nord mosellan, le bilan paraît peu flatteur. D’autant qu’en y regardant de plus près, il n’y en a aucun entre le nord de Metz et la frontière luxembourgeoise en passant par la vallée de la Fensch et le pays de Sierck…
Florence Chaffarod le reconnaît elle-même : le «thermomètre» utilisé pour jauger la qualité des ressources en eau et des milieux aquatiques est exigeant. Pourtant, c’est l’outil pertinent « si on veut arriver à un bon état de cette ressource en conformité avec les objectifs fixés par l’Union européenne à l’horizon 2027 », souligne la porte-parole de l’Agence de l’eau Rhin-Meuse.
Une agence qui vient de publier 37 synthèses pour autant de territoires identifiés dans son ressort, qui doivent constituer un « point de départ de la discussion qui doit s’engager avec l’ensemble des acteurs concernés par la reconquête projetée : les collectivités au premier chef, mais aussi le monde agricole bien sûr, le monde économique et associatif », précise encore Florence Chaffarod.
Des mesures d’accompagnement
Ces synthèses, disponibles en ligne pour tous, sont actuellement adressées à l’ensemble de ces acteurs, afin de « proposer une photographie à l’instant T de l’état de notre bassin. Une excellente base pour dégager des priorités dans le cadre de notre programme pluriannuel d’action. » Et pour ce faire, autant utiliser les outils idoines, même si « sur un cours d’eau donné, en effet, un seul facteur insatisfaisant suffit à le déclasser. Or, ces facteurs vont bien au-delà des seules caractéristiques physico-chimiques habituellement retenues. Nous avons également observé pour cette étude les peuplements biologiques, poissons, insectes, algues microscopiques.»
Ainsi, en Moselle Nord, ce sont précisément ces critères biologiques ou le taux d’oxygénation et de matières organiques constatés qui entraînent le déclassement de l’ensemble des cours d’eau, en plus des traces de substances chimiques relevées. Un état de fait qui s’explique : « On part de loin sur ce territoire, même si beaucoup a été mis en œuvre déjà. Le message que nous souhaitons faire passer aux décideurs c’est précisément : il ne faut pas baisser les bras. Le travail est en cours, malgré un poids de l’histoire lourd (lire ci-dessous) et il reste des leviers pour aller de l’avant », relativise Florence Chaffarod.
Des leviers qu’il faudra actionner en même temps qu’il sera nécessaire de «laisser du temps au temps», dans une dynamique que l’Agence de l’eau propose d’accompagner, «y compris financièrement : sur des projets de protection de captation par exemple, de renaturation ou encore d’accompagnement des agriculteurs qui s’engagent dans des démarches alternatives aux pesticides, nous pouvons abonder les projets ».
Les équipes de l’Agence iront à la rencontre des décideurs, dans les mois qui viennent pour, notamment, échanger sur le sujet.
Hervé Boggio (Le Républicain lorrain)
www.eau-rhin-meuse.fr/portraits_bassin
Une histoire qui a laissé des traces
Le secteur dit Métropole Lorraine, bassin nord, présente une densité d’industries et d’activités commerciales qui le situe en 2e position à l’échelle de l’ensemble du bassin Rhin-Meuse, juste après la plaine d’Alsace. Pourtant, si la population et l’activité économique sont très majoritairement situées dans le sillon mosellan, 80 % des communes de l’ensemble du territoire sont situées en zone rurale, essentiellement au nord-est de Metz, où l’agriculture reste la principale activité économique.
Concernant le bassin ferrifère, jusqu’au début des années 70, l’agglomération du bassin dans son ensemble produisait 95 % du minerai de fer et 60 % de l’acier français, l’ensemble des activités, de l’extraction au produit fini, étant réalisé sur place.
Une activité qui avait un impact considérable sur les cours d’eau. À titre d’exemple, les rejets d’eaux de refroidissement des usines sidérurgiques de la vallée de la Fensch ont pu contribuer à réchauffer la rivière à 19 °C, par une température extérieure de -8 °C (mesure réalisée à la confluence avec la Moselle le 18/01/1972). L’activité, qui a cessé en 1997, laisse encore de nombreuses traces sur le milieu aquatique. Ainsi, les méthodes d’extraction minière ont elles contribué à accentuer le caractère karstique du sous-sol, dont l’une des conséquences est de favoriser les transferts rapides des pollutions vers les eaux souterraines.