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Moselle : les vendanges sans doute retardées à cause de la sécheresse


La sécheresse de cet été perturbe la récolte du raisin, comme ici au Domaine Les Béliers d’Eve Maurice, à Ancy-sur-Moselle. (photo archives RL/Pascal Brocard)

Le manque de maturité des raisins pourrait repousser les vendanges à la fin du mois de septembre. Mais les viticulteurs redoutent d’autres conséquences de la sécheresse estivale.

«Une année compliquée », soupire Jean-Paul Paquet depuis les coteaux dominant Haute-Kontz. Le vigneron ne cache pas sa perplexité : bien malin celui qui peut dire quelle récolte résultera de l’équation météo estivale ! « Le parfait état sanitaire » de la vigne constitue jusque-là la conséquence la plus positive de la sécheresse qui perturbe le cycle végétal depuis plus de deux mois.

Mais c’est un autre signe, bien visible lui aussi, qui inquiète les viticulteurs lorrains. A l’autre extrémité du territoire, Roland Lelièvre résume celui-ci d’une formule: « la vigne a fermé les écoutilles ». Ancien de la maison Lelièvre à Lucey dans le Toulois, le vigneron se remémore les situations de crise analogues de 2003… et 1976. « Mais chaque année est différente, même les plus sèches et chaudes ne sont pas vraiment comparables, même si elles restent gravées dans les mémoires ».

La veille, la réunion du comité de l’appellation contrôlée des Vins de Toul a débouché sur une nouvelle impossibilité de fixer le ban des vendanges. « Comme pour les mirabelliers, la sécheresse ralentit la circulation de sève et retarde le mûrissement des raisins. Heureusement, les pieds de vignes disposent de profondes racines, ce qui leur permet de réduire l’impact du manque de précipitations. » Un scénario qui s’est joué à l’identique pour les mirabelles, retardant la récolte de plusieurs jours.

Manque de jus

A ce stade, Roland Le lièvre n’entrevoit pas les vendanges avant début octobre. « On a quinze jours de retard par rapport aux Alsaciens », confirme en écho le Mosellan Jean-Paul Paquet, qui pense, lui, pouvoir débuter autour du 20 septembre pour le muller-thurgau et l’auxerrois.

La quantité risque de faire défaut. La qualité, c’est autre chose : « Une année chaude se traduit par moins d’acidité et plus de sucre », complète Michel Maurice, vigneron à Ancy-sur-Moselle qui, pour l’heure, déplore surtout le manque de jus.

Effectuées dans les prochains jours, les premières analyses permettront d’affiner les caractéristiques du prochain cru. Sur le papier, faute d’écarter définitivement tout risque d’intempéries d’ici la récolte. « La pluie finira bien par arriver », se rassure Michel Maurice, en pleurant misère des 3 mm tombés sur ses raisins le week-end dernier. Un déficit qui n’a pas empêché Jean-Paul Paquet d’accélérer le processus de culture raisonnée déjà mis en route. « Moins de traitements, c’est une bonne chose, mais cela requiert un travail prophylactique plus soutenu, une plus grande vigilance. Action-réaction ! »

La fin de la période caniculaire ne l’a pas complètement rassuré. « La sécheresse se prolonge. Ce qui m’inquiète, c’est de voir certains arbres perdre leurs feuilles. Preuve que les feuillus sont sur la défensive. » « Quand la terre n’a pas d’eau, elle n’appelle pas la pluie », renchérit pour sa part Roland Lelièvre sans céder, pour l’heure, au pessimisme.

Xavier Brouet (Le Républicain lorrain)