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Moselle : les gilets jaunes se divisent sur les méthodes


La manifestation des gilets jaunes samedi dernier à Metz avait été marquée par des violences. (illustration AFP)

À quoi va ressembler l’acte XIV des Gilets jaunes ? En Moselle, les groupes ne sont pas tous sur la même longueur d’onde. Marqués par la violence de samedi dernier à Metz, certains proposent d’autres initiatives.

Cela pourrait marquer un tournant. Pour la première fois depuis le 17 novembre et les premières manifestations, une majorité de Français (56 %) souhaite que la mobilisation des gilets jaunes s’arrête là, selon un sondage Elabe. La rue livre quelques nuances. On pointe davantage la forme que le fond. «Les manifestations, la casse, la violence, c’est trop. Stop!», demande Justine, une Messine qui dit  ne plus oser sortir en famille. C’est grave. Faut passer à autre chose. Les revendications sont justes, pour la plupart. Pas ces méthodes.»

«Le samedi est le jour le plus fédérateur»

Cela pourrait ressembler à un tournant mais, dans le camp des manifestants, ce sondage est mis de côté. «Elabe est un soutien du pouvoir, ce n’est pas étonnant», grince Laurent, un gilet jaune messin de la première heure. «On n’y croit pas, c’est du bla-bla. C’est un coup du gouvernement pour nous discréditer», prolonge Stéphane, un Naborien. Pas de raison, pour lui, de changer ses habitudes du samedi. Il prône «la manifestation». Ève, une Messine, appuie : «Il ne faut pas abandonner ça. Ça serait dommage d’arrêter, le samedi est le jour le plus fédérateur.» Il se murmure que le prochain mouvement de foule pourrait avoir lieu à Thionville, où les gilets jaunes de la ville se sont unis pour la première fois. À défaut, à Saint-Avold, on annonce une opération au péage de l’A4.

Le grand débat : «Si on n’y va pas, il ne faut pas se plaindre»

Mais puisque ce mouvement ressemble à un puzzle de motivations et de visions diverses, des groupes privilégient la reprise des ronds-points perdus ces dernières semaines. Une façon aussi de mettre une distance avec les dernières violences et «les images de samedi dernier à Metz. Ça ne représente pas qui nous sommes. Mais il faut maintenir la pression.»

D’autres, encore, veulent profiter du grand débat. «Nous ne sommes pas dupes et on pense que ce grand débat est une forme d’enfumage», prévient Patrick. «On n’attend pas grand-chose du président Macron à l’issue. Mais si on n’y participe pas, quelle légitimité aurons-nous pour l’ouvrir et protester ensuite? C’est comme un vote : si on ne va pas aux urnes, il ne faut pas se plaindre du résultat. Là, on participe. On est dans le débat, dans la discussion.» Il organise, avec d’autres, des réunions publiques.

Juppé : «Les gens réclament de l’exemplarité. Or, lui a été condamné»

Les demandes et les signes d’intérêt «affluent». De ces premiers rendez-vous, il retient «les idées sur le pouvoir d’achat. C’est évidemment central, comme le besoin de services de proximité. Il ne faut pas oublier que ce mouvement vient de la ruralité.» Et puis, jeudi matin au café, un sujet a balayé les autres : la nomination d’Alain Juppé au Conseil constitutionnel. «Les gens réclament de l’exemplarité chez leurs élus. Or, lui a été condamné…»

K. G./RL