Dans un contexte global de baisse de la délinquance en Moselle, la hausse des cambriolages des habitations fait figure d’exception. Le phénomène est particulièrement sensible dans les zones périurbaines.
«La délinquance en 2016 a été maîtrisée », annonce Emmanuel Berthier, préfet de Moselle. En clair, la tendance est à la baisse dans les atteintes aux biens (- 4,7 %) et une progression modérée (+1 %) pour les atteintes à l’intégrité physique des personnes. Ces chiffres sont à placer dans un contexte d’état d’urgence où les forces de police ont été affectées à des missions de surveillance, ce qui a diminué leur présence sur la voie publique. Le colonel Eric Bammé, commandant du groupement de gendarmerie de la Moselle a évalué « la perte » à 500 000 heures. « Moins 15 % de l’action répressive », a pour sa part évalué, pour la zone police, l’inspecteur général Hervé Niel, directeur départemental de la sécurité publique.
Mais l’année 2016 a néanmoins « son point de faiblesse », en l’occurrence les cambriolages, qui connaissent une poussée de 5,7 %, dont 15,7 % pour les seuls logements d’habitation. En 2016, 3 253 cambriolages ou tentatives ont été perpétrés contre 2 812 en 2015 et 3 065 en 2014. En Moselle, 3,12 habitations sur 1 000 ont été ciblées, contre 3,83 pour 1 000 en France. « Une pression moins forte dans notre département », note le colonel Eric Bammé.
La hausse est là néanmoins. Les forfaits sont équitablement répartis entre les zones rurales et urbaines. Les cambrioleurs ont une petite préférence pour les secteurs périurbains, où ils peuvent certes être repérés plus vite, mais passé cet écueil, ils peuvent « travailler » à l’abri des haies avec une tendance à entrer par effraction par la véranda, traditionnellement plus fragile. Gendarmes et policiers encouragent donc les voisins à signaler tous mouvements suspects.
20 % de tentatives
« Parfois, ils ne le font pas, de peur de nous déranger pour rien. Nous sommes là pour cela. Nous préférons venir quatre fois pour rien et empêcher un vol à la cinquième fois », insiste Hervé Niel. En 2016, la proportion des tentatives est plus forte, elle est passée à 20 % alors qu’elle n’était que de 12 % en 2014. « Les gens se protègent de plus en plus », constate l’inspecteur général. Il rappelle que si le voleur « ne parvient pas à ouvrir la porte en 3 secondes, il renonce et change de maison ». S’il y parvient, deux scénarios sont possibles : l’alarme se met en branle, il prend la fuite ; si rien ne donne l’alerte, il entre et passe à l’action.
En zone police, 81 % des cambriolages et tentatives sont commis sur le sillon mosellan entre Thionville, Hagondange et Metz, 17,2 le sont en Moselle-Est et seulement 1,8 % dans le secteur de Sarrebourg, « un coin de paradis », lâche en souriant Hervé Niel. Tous les types de cambrioleurs sévissent dans le département : des bandes organisées ; des toxicomanes en quête de numéraire pour acheter des produits stupéfiants ou encore des personnes en situation de pauvreté pressées par la nécessité. Ce dernier profil se retrouve plus particulièrement dans les centres urbains. Le taux d’élucidation des cambriolages est de 20 %.
Le Quotidien