Avec 28% des suffrages, Marine Le Pen consolide son implantation en Moselle où elle progresse de quatre points par rapport à 2012. Si Macron remporte Metz et Thionville, Mélenchon lui a aussi volé quelques fiefs.
Il est arrivé le premier en préfecture de Moselle dimanche soir. À l’image de son candidat. Richard Lioger, 1er adjoint au maire de Metz et macroniste de la première heure, savourait sa victoire : « Tout le monde nous prenait pour des fous, pensant que Macron était un hologramme, qu’il n’y avait rien derrière sa personne ! » Le leader d’En Marche arrive en deuxième place en Moselle avec 21% des suffrages. Il se paye même le luxe de rafler les deux grandes villes du département, Metz et Thionville. Le pro-européen est aussi en tête dans les communes frontalières avec le Luxembourg, comme Zoufftgen, Mondorff, Basse-Ham, Yutz ou Hettange-Grande.
Pas de quoi pour autant ébranler le Front national qui conforte sa place de premier parti du département. Et de loin. Entre 2012 et 2017, il a encore pris quatre points (28,3%) et continue à faire un tabac dans la Moselle-Est ouvrière et la Moselle-Sud rurale. Marine Le Pen dépasse même 40% à Petite-Roselle et les 35% à Boulay, Amnéville et Freyming-Merlebach.
Florian Philippot est quant à lui conforté à Forbach avec 29% des votes, alors que Hayange ne cesse d’en redemander après son choix aux municipales. Marine Le Pen y est en tête avec 33%.
Metz préfère Macron
Mais la maison frontiste marque aussi des signes de faiblesse. À Metz, elle est balayée par Macron (26%), Mélenchon (20%) et même Fillon (18,8%). Un sacré camouflet ! Elle doit faire face au phénomène Mélenchon, rappelant la porosité des votes entre extrême droite et extrême gauche. Classé 3e avec 17,9%, soit neuf points de plus qu’en 2012, il lui vole même la vedette à Uckange, Farébersviller ou Behren-lès-Forbach où le tribun dépasse 42%. De quoi donner des regrets au sénateur Abate (PCF) : « C’est dommage qu’il n’y ait pas eu de dynamique de rassemblement avec l’aile gauche du PS. » Il est vrai que le parti socialiste ne pèse plus grand-chose en Moselle. Benoît Hamon (5,2%) pointe en 6e position, derrière Dupont-Aignan ! Les Républicains sont à peine mieux. François Fillon est 4e avec 17% et ne vire en tête qu’à Sarrebourg.
Satisfait de ne pas avoir à choisir au second tour entre un candidat de droite et un du FN, comme en 2002, Jean-Marc Todeschini, membre PS du gouvernement, voyait déjà plus loin. Non sans inquiétude : « Quelle majorité aura Macron s’il y a une flopée de candidatures des forces de gauche au 1er tour des législatives alors qu’il faudra 23 à 24% pour être au second ? Attention, nous ne sommes plus dans un régime présidentiel mais parlementaire et la droite peut revenir par la petite porte. »
Philippe Marque (Le Républicain Lorrain)