Il y a quelques jours, un début d’incendie s’est déclaré route d’Onville, à Gorze. Pour Christian Frache, agent ONF, il s’agit là de dix années de travail réduites en cendres. Il explique la gestion forestière par rapport au réchauffement climatique et aux incendies.
Route d’Onville, à Gorze, les cendres jonchant le sol semblent encore chaudes. Christian Frache , agent ONF responsable du triage d’Ars-sur-Moselle, arpente ce demi-hectare calciné avouant qu’il y a là « dix années de travail réduites en cendres ». « Nous sommes ici sur un terrain d’anciens épicéas de la maison de retraite qui ont eu le scolyte. Nous travaillons à la régénération de la forêt. » Ce qui signifie que les forestiers sélectionnent les meilleures tiges pour laisser s’épanouir une future forêt qui pourra survivre aux aléas climatiques. L’agent se penche, inspecte quelques pousses d’une trentaine de centimètres de hauteur, la racine semble avoir été épargnée… « Nous allons voir ce qui va reprendre ! »
Les conséquences d’un incendie sont différentes selon les conditions météorologiques. « Quand il y a du vent, ce qui était le cas, l’incendie ne creuse pas les racines, il court le long de la terre, précise le spécialiste. Le risque, c’est que l’incendie s’étende vite. Par contre, en l’absence de vent, le feu creuse les racines qui sont carbonisées, alors rien ne reprend. »
Principe de précaution
En entrant dans la forêt de Gorze, qui s’étend sur quelque 250 hectares, le vert qui prédomine semble déjà apporter un peu de fraîcheur. Une respiration. « Une ambiance forestière, souligne Christian Frache. Sous couvert, on sent une humidité relative. » Ici, les arbres plus que centenaires laissent à peine pénétrer les rayons du soleil.
En Moselle, le milieu forestier est protégé, dense. « Les forêts publiques sont principalement dans le quart nord-est de la France, souligne Christian Frache. Dans le Sud, ce sont beaucoup des forêts privées, les propriétaires n’ont pas le même but que le nôtre. Nous faisons de l’investissement à long terme. »
L’ONF joue sur la diversification des essences, des peuplements. Les arbres sont plus aptes à affronter les aléas climatiques. « On cherche à pérenniser la forêt. » Dans cette sélection d’essences et cette régénération naturelle des forêts, le risque d’incendie est pris en compte.
Collaboration avec les secours
Le job de Christian Frache consiste aussi à mener les secours au bon endroit, à leur faire connaître les accès forestiers. Dans le cadre de l’incendie de Gorze, en bordure de route, il n’y avait pas de problème, l’accès poids lourds était facile. « Mais il y a aussi des peuplements qui ne sont pas accessibles », précise-t-il tout en ajoutant qu’il dispose d’atlas dans lesquels tous les chemins d’accès forestiers sont cartographiés. « Tous les Points de rencontres forestiers de secours (PRFS) sont maillés. Nous organisons régulièrement des rencontres avec les sapeurs-pompiers et les gendarmes. J’ai mis en place des boucles d’entraînement avec les sapeurs-pompiers dans nos forêts communales. » Mieux vaut prévenir…