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Mort d’un streameur mosellan en direct : enquête ouverte


Raphaël Graven, alias «Jean Pormanove», est mort dans son sommeil dans la nuit du 17 au 18 août lors d'un tournage diffusé en direct. (Photo DR)

Une enquête a été ouverte après la mort d’un streameur originaire de Woippy décédé en direct sur la plateforme Kick.

Un drame en direct. Dans la nuit de dimanche à lundi, alors que la chaîne «jeanpormanove» était en live sur la plateforme Kick depuis 298 heures, l’un des streameurs ne parvient pas à réveiller son partenaire, allongé au milieu d’autres personnes visiblement endormies. Après quelques tentatives, réalisant qu’il y a un problème, «Naruto» coupe le direct, affolant les internautes connectés.

Ces derniers n’apprendront le pourquoi du comment qu’aux alentours de 17 h, lorsqu’un modérateur du forum Discord (une plateforme de messagerie) diffuse le message que «Naruto» a publié sur Instagram : «Malheureusement, cette nuit, JP (Raphaël Graven) nous a quittés. Je vous demande à tous de respecter sa mémoire et de ne pas partager la vidéo de son dernier souffle dans son sommeil.»

Ancien militaire, originaire de Moselle, «Jean Pormanove» (son pseudo) coanimait avec «Coudoux», «Naruto» et «Safine» la chaîne à son nom sur Kick France, une plateforme de streaming. Son décès a suscité d’intenses réactions sur les réseaux sociaux, certains internautes publiant des extraits des lives de la chaîne, qui pouvaient durer des heures, voire des jours. Car, en effet, la chaîne, avec ses 160 000 abonnés et 15 000 spectateurs chaque soir, était connue pour son contenu trash et une modération minimale. Sur«jeanpormanove», on aperçoit régulièrement «Naruto» et «Safine» s’en prendre violemment aux deux autres hommes, dont l’un, «Coudoux», est en situation de handicap et sous curatelle. Le tout devant des spectateurs comblés qui alimentent la chaîne en «dons», et n’hésitent pas à insulter les deux hommes en commentaires.

«Une autopsie sera pratiquée»

Un business de la maltraitance qu’avait documenté le site d’investigation Mediapart fin 2024, déclenchant l’ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet de Nice contre les deux maltraitants pour «provocation publique par un moyen de communication au public par voie électronique à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes en raison de leur handicap, violences volontaires en réunion sur personnes vulnérables et diffusion d’enregistrements d’images relatives à la commission d’infractions d’atteintes volontaires à l’intégrité de la personne». Peu avant son décès, «JP» subissait de violentes claques par l’un de ses partenaires.

Les causes de sa mort, survenue à Contes, un petit village au nord de Nice, ne sont pas encore connues. «À ce stade, il n’y a rien de suspect, les auditions sont en cours et une autopsie sera pratiquée», a precisé le parquet auprès du Parisien. Sur X, la ministre française déléguée chargée du Numérique, Clara Chappaz, a annoncé hier avoir saisi l’Arcom et effectué un signalement sur Pharos. «La responsabilité des plateformes en ligne sur la diffusion de contenus illicites n’est pas une option : c’est la loi. Ce type de défaillances peut conduire au pire et n’a pas sa place en France, en Europe ni ailleurs.», a-t-elle ajouté.

Interrogée sur cette affaire, Kick a répondu «ne pouvoir donner aucune information en raison de notre politique de confidentialité». Dans ses conditions d’utilisation, le site souligne que «bien que la violence puisse être contextuelle et avoir des conséquences variables, nous interdisons tout contenu représentant ou incitant à une violence odieuse». Kick est une plateforme australienne, grande concurrente du leader mondial du live streaming Twitch et aux règles de modération plus relâchées.