Un ami de Michaël Chiolo, qui a blessé au couteau deux surveillants à Condé-sur-Sarthe le 5 mars, raconte la vie d’errance du Mosellan et dans quelles conditions il s’est converti à l’islam en prison. «Je n’ai pas supporté qu’il tue le vieux monsieur à Montigny-lès-Metz», regrette-t-il.
Nous l’appellerons Mehdi à sa demande. À 38 ans, il connaît mieux que personne Michaël Chiolo, qui a blessé au couteau deux surveillants à Condé-sur-Sarthe, le 5 mars dernier, lors de la première attaque terroriste en prison en France.
Paumés, à la rue
«En 2009, je suis la première personne à lui avoir parlé quand il est arrivé en gare de Metz. Il était totalement paumé, il ne savait pas où dormir, on a sympathisé. À l’époque, il était très gentil et réservé. Je n’arrive toujours pas à l’associer à un acte terroriste», soupire-t-il. Leur vie à l’époque? La rue, les petits larcins, les agressions pour l’argent, des vols. «On survivait. Michaël, il a pris de la prison ferme après une double agression à Thionville, je m’en souviens. Il était jeune mais il pouvait être très déterminé», se remémore Mehdi.
À la mosquée de la prison de Metz-Queuleu
À cette époque, ils vont se côtoyer derrière les barreaux de Metz-Queuleu pendant deux ans. «Je suis le premier à qui il a annoncé sa conversion à l’islam et qu’il allait s’appeler Karim et non plus Michaël. Mais là, à Condé-sur-Sarthe, je n’ai pas compris qu’il dise vouloir tuer au nom de la religion. C’est n’importe quoi. Ou alors, on n’a pas lu le même Coran! On allait tous les vendredis à la mosquée de la prison de Metz. Là, il voulait juste s’évader et ça a mal tourné. Ce n’est pas un vrai terroriste, selon moi.»
La dernière fois qu’ils se voient, c’était en 2015-2016, rappelle le témoin, qui a connu la prison pendant de nombreuses années pour trafic de drogue, des vols, des cambriolages et des menaces vis-à-vis de la police. «J’étais dégoûté quand j’ai appris ce qu’il avait fait au vieux monsieur de Montigny-lès-Metz [une séquestration mortelle d’un octogénaire rescapé d’Auschwitz]. Je le lui ai dit. À l’époque, j’ai même reçu des messages où on me reprochait d’être l’ami d’un tel gars. Je ne sais toujours pas comment on peut infliger une telle mort à quelqu’un.»
Quatre détenus de la prison d’Alençon Condé-sur-Sarthe (Orne) ont été mis en examen vendredi soir pour des faits de complicité avec Michaël Chiolo.
Alain Morvan/RL