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Meurtre du directeur d’école de Woippy : l’accusé renvoyé aux assises


Le meurtre avait causé un vif émoi dans la communauté scolaire. (photo AFP)

Ahmet Secen, 41 ans, a été renvoyé devant les assises de la Moselle pour l’assassinat de Chanel Mallinger, en 2013. La victime était le directeur d’école de Woippy. Le dossier est bouclé. «Un soulagement pour les proches de la victime», réagit leur avocat.

Les dénégations d’Ahmet Secen n’ont pas suffi à convaincre le juge d’instruction. Elles n’ont pas pesé lourd face aux éléments à charge rassemblés depuis deux ans et demi par les enquêteurs de la police judiciaire de Metz. Ce père de famille, âgé de 41 ans, vient d’être renvoyé devant les assises de la Moselle pour l’assassinat de Chanel Mallinger.

« Un vrai soulagement », réagit Me Dominique Rondu, avocat de la famille. La dépouille du directeur de l’école Paul-Verlaine avait été retrouvée au cœur de Woippy-village dans la nuit du 10 au 11 décembre 2013, à l’intérieur de son véhicule. Lacérée par 42 coups portés avec une arme pointue, la plupart sur la partie droite du crâne et du visage.

Cette arme n’a jamais été retrouvée. Et personne n’a vu, ni même aperçu, les derniers instants de Chanel Mallinger, 51 ans. La description des blessures par le médecin-légiste laisse toutefois imaginer un crime effroyable au cours duquel il a essayé de se défendre. Et a succombé à ses plaies au bout de quelques minutes seulement. Une lente agonie…

Pas de témoin…

Il n’y a donc pas de témoin. Mais le puzzle rassemblé par le magistrat instructeur, Jérôme Hannoun, dessine un scénario dans lequel Ahmet Secen jouerait le rôle central. À l’époque, un vent de tristesse souffle encore dans le milieu scolaire qui appréciait unanimement la victime quand ce petit artisan est mis dans le viseur des enquêteurs. Il est interpellé par la PJ le 16 décembre 2013, à son domicile. Assistante pédagogique à l’école Paul-Verlaine, sa femme entretenait depuis 2012 une liaison amoureuse avec Chanel Mallinger. Mais le directeur était du genre séducteur. Alors pourquoi s’intéresser à cet homme trompé plutôt qu’à un autre ?

D’après certains collègues, Chanel Mallinger se sentait menacé par Ahmet Secen. En avril 2013, celui-ci se serait rendu à l’école pour avoir une explication de texte avec l’amant de sa femme. L’accusé avait un mobile. Il avait aussi « le temps matériel de commettre cette horreur », considère M e Rondu. Tout porte à croire que Chanel Mallinger est mort entre 19h25 et 19h45 : à ce moment-là, Ahmet Secen a coupé son portable, ce qui ne lui arrive jamais.

Il prétend être allé chez ses parents pour réaliser des travaux dans la salle de bains mais cet alibi est détruit par son père et sa mère. Qui sont revenus ensuite sur ces premières déclarations.

Un dernier élément, primordial, fragilise la défense : des experts ont trouvé l’ADN de l’accusé sur l’appui-tête du véhicule Volkswagen du directeur d’école. Un premier spécialiste a exclu toute possibilité que ces traces, importantes, soient transportées par sa femme. Un second est moins catégorique mais note « que ce dépôt d’ADN pouvait s’expliquer par contact direct avec les cheveux ou le cuir chevelu du mis en examen ». Une épine dans le pied qui a alors rafraîchi la mémoire d’Ahmet Secen : il s’est souvenu que quelques jours avant le drame, Chanel Mallinger lui avait fait essayer sa nouvelle voiture. « La victime aurait fait monter dans sa voiture l’homme qui la menaçait? », s’étonne M e Rondu. « Qui va croire ça? »

Cette version va être proposée à la sagacité des jurés de la cour d’assises de la Moselle. Celle du juge d’instruction défend celle d’un plan méthodique, précis, au cours duquel le tueur serait rentré dans le parking de l’école Paul-Verlaine en coupant le grillage avec une pince. Il aurait attendu sa proie. Il serait monté dans son véhicule et aurait frappé à ce moment. Puis il aurait roulé quelques kilomètres jusqu’à la rue de Biche, un endroit presque désert, où il aurait abandonné le corps dans une position complètement désarticulée. La marque d’un crime passionnel?

Kevin Grethen (Le Républicain lorrain)