Des plantes rares venant du Mexique ou de Madagascar, en proie au trafic et saisies par les douanes dans les aéroports parisiens, ont trouvé refuge au jardin botanique de Villers-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle).
Cet accueil dans les serres du jardin botanique permet à la fois d’aider le Muséum national d’Histoire naturelle de Paris (MnHn), qui en a la charge, et de « sensibiliser le public » sur la question de ces plantes « rares, en voie de disparition avec de gros enjeux financiers », relate Frédéric Pautz, directeur du jardin lorrain.
Il y a derrière ce trafic un vrai « business structuré », avec des plantes pouvant coûter « 500 à 1 000 euros », a-t-il précisé mardi lors d’une conférence de presse.
Une fois saisies par les douanes, dont des agents ont été spécialement formés à les reconnaître, les plantes sont gardées, pour toujours, par le MnHn qui les conserve, les maintient en culture et peut en faire don à des jardins botaniques, comme pour la première fois à celui de Villers-lès-Nancy.
Le trafic à Madagascar semble « exploser complètement », selon Jean-Michel Doremus, responsable des serres botaniques de l’institution. « Le problème du trafic de végétaux, c’est que ce n’est pas encore perçu comme un vrai trafic au même titre que d’autres trafics lourds, de drogues, d’armes (…) Mais (il) est très, très, très lucratif ».
Une demande croissante
Il « présente beaucoup moins de risques pour les trafiquants. Transporter illégalement des plantes, c’est beaucoup moins dérangeant que de transporter illégalement des armes, les peines sont moins lourdes », selon Jean-Michel Doremus, même si ce trafic entraîne aussi « des morts d’hommes », ceux « qui protègent les plantes meurent ».
Et il constate en parallèle que la demande est de plus en plus grande : cela peut émaner d’un « collectionneur bien intentionné, qui aime les plantes et aimerait avoir » une espèce rare, ou de personnes « qui ont les moyens financiers » et veulent épater avec de telles espèces dans leur salon.
L’idéal, pour Jean-Michel Doremus, serait de mettre en place des mesures de conservation « in situ » à Madagascar ou au Mexique. Mais à défaut, « on essaie de pallier le moins mal possible en récupérant (au MnHn) ce que l’on peut de ces plantes, en les mettant en position de reprise ».
Difficile pour les botanistes de connaître le parcours de ces plantes, parfois âgées de 50 ou 60 ans. Leur déracinement et leur transport, dans des valises par avion, les a fragilisées.
Elles pourront donc s’épanouir près de Nancy, où elles sont pour le moment conservées dans une cage, symbole de la prison et de leur arrachement illicite à leurs milieux, afin d’être présentées au public tout en restant protégées. Elles iront ensuite dans les serres de la collection du jardin.