Plus de 500 voisins et amis ont entouré de leur soutien, hier, les parents et les proches des deux jeunes victimes des attentats du Bataclan. Une vraie communauté, touchée en plein cœur par une réalité proche et dramatique.
Il ne s’agissait pas de Daesh et de ces insoutenables mais lointaines images d’attentats qui frappent à Paris et ailleurs. Il n’était pas question de terrorisme ou de deuil national, ni d’autres termes parfois trop abstraits. Mais de Marie et Mathias. Des prénoms. Des visages. Des vies. Des enfants d’ici.
Cette réalité, dure, présente et proche a frappé de plein fouet Graziella et Jean-François Dymarski, les parents de Mathias, ainsi que le papa et la maman de Marie, présents hier et faisant, tous les quatre, preuve d’une dignité impressionnante lors de la cérémonie de recueillement organisée spontanément pour leurs enfants.
Hier, la petite église d’Ancy-sur-Moselle était trop petite pour accueillir tous ces amis, familles et voisins qui ont ressenti le besoin de rendre hommage à Marie et Mathias. Ils étaient au moins 500 à partager ce moment. Certains étaient cantonnés dehors, les yeux rougis d’avoir trop pleuré depuis vendredi et l’attaque du Bataclan où le jeune couple d’amoureux assistait à un concert, avec deux amis.
Un moment de solidarité « fort et intense qui vaut plus que tous les mots » pour Jean-François Dymarski. C’est tout un village, et même au-delà, des collègues, des élus, des anonymes qui ont voulu entourer les parents de Mathias et Marie. Mais aussi leur « deuxième famille, comme disait Mathias, ses potes », leurs amis, nombreux.
Devant l’assemblée, les deux pères ont raconté le déroulement de ces heures interminables, depuis l’annonce des attaques. Leur départ pour Paris, leurs recherches pour retrouver leurs enfants. Et ils ont évoqué avec amour et tendresse Mathias, ce jeune homme brillant, « qui vivait à 100 à l’heure » et qui prenait « plaisir à vivre avec les autres ». « Il continue à garder son éternel sourire en nous regardant de là-haut », a écrit l’une de ses amies, reprise par l’un des papas. Et, bien sûr, « sa petite Marie », si chère, si joyeuse.
Chacun a ses souvenirs de moments vécus avec eux. Certains les expriment avec décence et retenue. D’autres y pensent, qu’il s’agisse d’un regard échangé avec « ce jeune qui faisait du vélo dans la rue ». Ou d’une conversation qui n’aurait jamais dû être la dernière. À l’issue de la cérémonie, les étreintes ont repris. Les jeunes s’enlacent et lâchent des sanglots réprimés depuis de longues minutes. Ils remettent leur casquette, symbole de leurs vingt printemps qui devraient les empêcher d’avoir à rendre hommage à deux de leurs amis…
Tous partagent une force pour accompagner, soutenir et entourés ces parents et ces proches. « Mathias aurait voulu aller aux États-Unis. Il n’a jamais pu. Il disait que les Américains avaient plein de défauts, mais une grosse qualité : ils sont solidaires. Et avec la solidarité, on peut traverser des tempêtes », songeait Jean-François Dymarski qui tenait à s’exprimer parce que son fils « l’aurait fait ». « Je le dis sans haine. Ces barbares m’ont coupé les deux jambes, mais je dois continuer à marcher. »
L’effroi de ces derniers jours, comme pour ceux à venir, n’est pas lointain. Il ne se vit pas derrière un écran de télévision ou au travers des commentaires. Il est là, à Ancy-sur-Moselle, à Saint-Julien-lès-Metz, où vivait Marie. Et même à Metz où se tiendront prochainement les obsèques communes de Marie et Mathias. Sûrement à l’église Sainte-Thérèse. Car celle d’Ancy serait vraiment trop exiguë.
« Avec la solidarité, on traverse des tempêtes »
L. L. (Républicain Lorrain)