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Metz : une policière municipale accuse son chef de viol


La jeune femme de 37 ans a dénoncé des faits de viol qui auraient été commis par le responsable de son service. (photo archives RL / Gilles Wirtz)

Elle était policière municipale. Aujourd’hui, elle «n’est plus qu’une victime de viol qui ne peut plus bosser». La jeune femme a porté plainte contre son supérieur. Son cauchemar a commencé en 2011.

Cinq ans qu’elle attendait. « Parler de son histoire, c’est difficile. » Celle-ci en particulier. Les victimes de viol se réfugient souvent dans l’ombre. Elle a bien porté plainte, mais elle n’était pas prête à briser le silence. Il a fallu une décision positive du tribunal administratif de Strasbourg, au cœur de l’été, pour lui donner la force qui lui manquait.

La décision du TA donne du poids à ses combats. Le premier  : être reconnue comme victime. Le second  : faire condamner l’homme qui « l’a tuée » un jour de septembre 2011. Le magistrat alsacien écrit dans son jugement que la victime « présente un faisceau d’indices suffisamment probants permettant d’établir, pour le moins, le harcèlement sexuel dont elle se disait victime de la part de son supérieur hiérarchique ».

Policière municipale depuis 2007, la jeune femme de 37  ans a dénoncé des faits de viol commis par le responsable de son service. Il aurait profité de son extrême fragilité à l’époque –  la victime souffre d’une maladie chronique lourde  – pour rentrer à son domicile, dans le secteur de Jarny. « Je ne voulais pas qu’il vienne. C’est mon chef. Mais il a insisté en disant qu’il ne laissait pas un de ses agents dans la détresse. » La première fois, il l’agresse en l’embrassant et en lui touchant la poitrine. Un geste pas volontaire, explique-t-il plus tard.

«Je suis un bon flic»

Il reviendra… La fonctionnaire jure avoir été violée deux fois. « De façon très violente. » Ses mains tremblent lorsqu’elle ressasse. Elle essaye tant bien que mal de cacher ses larmes. « Je me suis demandé ce que j’avais fait. Si j’avais pu lui laisser croire… » Elle s’est ressaisie. En déposant plainte à la gendarmerie et en parlant des faits à la direction de la police municipale de Metz.

Ce n’est pas seulement un dossier de parole contre parole. Non, le supérieur a laissé derrière lui un carnet intime dans lequel il parle d’«actes forcés». Il n’a pas peur de l’écrire une autre fois dans un SMS envoyé à la victime. « Je pense qu’il n’imaginait pas que j’étais capable d’en parler. Il croyait que j’étais sous sa coupe. »

Après le classement d’une première plainte, un juge d’instruction de Nancy a été saisi. «Le tribunal de Strasbourg redonne espoir à ma cliente , explique M e Agnès Cittadini, une avocate parisienne passée maître dans la défense des femmes victimes de violences. On a des éléments. »

La décision administrative laisse croire aussi à un avenir dans la police municipale. La mairie de Metz a été enjointe d’accorder le bénéfice de la protection fonctionnelle. Dans l’incapacité morale de retravailler au sein de l’unité de Metz, la victime attend depuis cinq ans une issue favorable. « La mairie voulait me mettre à un autre poste. Mais moi, je veux seulement travailler dans la police. Mais pas avec cet homme, c’est impossible. Je suis victime et on m’oblige à changer de travail, à oublier mon rêve? Non, je suis un bon flic. Il m’a brisée en me violant, mais il ne me retirera pas ma passion pour ce travail. »

Malgré plusieurs relances ces derniers jours, la mairie de Metz n’a pas souhaité répondre à nos questions.

Kevin Grethen (Le Républicain lorrain)