Laure fête son code de la route en boîte avec son amie. Les deux femmes s’embrassent. Le geste déplaît à une voisine de table. Bagarre. Blessure.
Un baiser. Un baiser donné par Laure à son amie le 14 décembre 2013. Un baiser entre deux femmes qui dérange les convives de cette même table de L’Appart, la boîte de nuit à deux pas du TGI où se jugeaient hier les suites de cet échange amoureux qui a radicalement déplu à trois clients assis à la même table.
Samia Hamiane, 27 ans, réagit la première en agressant Laure. Youssef Hamiane, 29 ans, intervient pour soutenir sa sœur Samia et leur copain Jihad Latrach, 22 ans, prend part également à ce déchaînement de violence. La situation est à ce point préoccupante que le gérant de l’établissement et un videur exfiltrent la victime vers les toilettes où l’agression reprend.
Seulement venue fêter l’obtention de son code de la route, la jeune femme est repartie en ambulance avec des traces de coups sur le visage et, à la main gauche, un nerf sectionné par un éclat de verre. Il en a volé beaucoup, ce soir-là, où les prévenus sont repartis de leur côté. Ils penseront, un peu plus tard, à trouver le moyen de joindre Laure par téléphone. « On a fait preuve d’un grand courage en proposant 1 500 € à la victime pour qu’elle ne dépose pas plainte », relève le Parquet qui ne peut s’adresser qu’à Jihad.
Il est le seul présent après un an de détention provisoire dans ce dossier. « Le principal impliqué n’a pas fait un jour de garde à vue et se trouve au soleil et sa sœur, par laquelle tout a commencé, brille par son absence », observe son conseil Me Stanislas Louvel. Samia n’est pas venue à l’audience et son frère est au Maroc, à l’abri d’un mandat d’arrêt lancé le 30 mai 2014. Les deux sont trop loin pour entendre la partie civile de Me Laura Cassaro revenir sur le caractère homophobe de l’agression. Une des circonstances aggravantes reprise par le parquet pour réclamer des peines lourdes. Samia Hamiane est visée par deux ans d’emprisonnement dont un avec sursis. Les enchères montent à cinq ans de prison assortis d’un mandat d’arrêt (le deuxième) contre Youssef. Même quantum pour Jihad mais avec un mandat de dépôt.
« Mon client était présent ce soir-là, mais il n’est pas à l’origine de l’esclandre […] il ne pose aucun problème dans l’établissement. Il faut sortir du dossier l’image détestable que l’on veut faire de lui, alors qu’il est le seul à s’expliquer », défend Me Louvel. Déjà détenu depuis la révocation des quatre mois d’un précédent sursis par le parquet de Nancy, son client devra attendre la fin du délibéré pour connaître la longueur de son prochain séjour derrière les barreaux. Le tribunal se prononcera le 14 octobre.
Frédéric Clausse